Au Minuit Avant la Nuit ce vendredi, entre jour et nuit, j’ai vu Thee Oh Sees. Osees aussi, pourrait-on dire mais bref, je m’en souviendrai longtemps. De pied ferme nous les attendions; dans le public Jérémy de Lady Godiva, apercevant mon t-shirt Dinosaur Jr, me fait de grands signes. Juste avant ça, sirotant une IPA, ce fut le boucan du line-check qui me fit rappliquer. Dès lors ce fut la raclée, la mornifle, l’ouragan sans prendre de gants d’un combo orchestré de main de fou par John Dwyer. Garage, sous haute tension, psyché parfois, la clique aux deux batteries enchaine les morceaux survoltés. A volume élevé, elle déboite et évitant les temps morts, force la foule à gigoter. Je jubile direct, au premier rang une demoiselle s’éclate sévère et je jurerais que la trouvaille, pour ceux qui ne connaissaient pas, s’est avérée marquante. A ce sujet un journaliste, pendant le show inaugural de Nina Versyp et alors que je lui faisais remarquer une légère ressemblance avec PJ Harvey, me répondit qu’il ne se souvenait plus du visage de l’Anglaise. Passons, nous n’avons pas la même optique. La tempête est drue, souvent directe, d’une puissance à décorner un bœuf. On n’en rate pas une miette, c’est MA date du MALN et le bel Adam qui la veille éclaira Cable Park, ouvrant pour Dog Park, ne put en être. Tu rates quelque chose bellot, m’est avis que devant ce show ton couvre-chef aurait valsé.
Osees
Unanimes nous sommes, des mimiques de stupeur traduisent le choc que d’aucuns encaissent. Osees en maître des lieux ne fait pas de quartier, à Saint Pierre il envoie du lourd et ses parpaings à la cadence incoercible font trembler le parc. Me voilà comblé, mis en vrac je dépose l’appareil pour en tirer toute la sève, nourrie par le vécu du clan. Rien que pour ça j’estime, d’ores et déjà, avoir gagné ma soirée. Si seulement le rock (re)trouvait, comme en 2018, une plus large place…mais n’ergotons pas trop, la largesse du MALN satisfait un panel étendu. J’aperçois Ashton, souple comme un chat. Un clic et la voilà dans la boite, sourire aux lèvres, en compagnie de sa dame. Je capture un slam, Osees le vaut bien et ça ne sera d’ailleurs pas le seul à sacrer le gig des Californiens. Je renfile la veste, il fait frisquet mais le brasier Osees crache des flammes orangées voire rougeoyantes. Mon pote David, lui aussi accrédité, plus rompu à l’électro qu’aux riffs tout en griffes, m’avoue adorer. C’est aussi ça le MALN, c’est aussi ça Osees. Rallier les réfractaires, faire festoyer sous un seule et même bannière des amateurs de genres éclatés, sourire ensemble le temps d’une demi-nuit. C’est bien pour ça qu’on est là mais la différence c’est que le rock, lui, est intemporel et dans l’instant Osees, étalon de la mouvance, l’honore en pulsant de bout en bout. Son live est, après mûre réflexion et sans exagération, l’un des plus ébouriffants qu’il m’ait été donné de voir ces deniers mois.
Osees
Photos Will Part en Live