Tom Bodlin (Carver, Trombe, ex-Café Flesh), solo, s’amuse à faire le pinpin. Enfin j’veux dire, il déroute et délire, armé de ses saxos lancés au lasso, et pas seulement. Son Horreur Sympathique, nouveau délit pas piqué des vers, l’amène tout d’abord à Courir à l’envers. On le suit dans son mouvement, tant bien que mal, et ça fait l’effet. Et puis ça lui va bien. Du twist au sax, groovy, qui fait péter la danse. Les métamorphoses du vampire, moins échevelé, tout aussi foufou, qui ensuite se Casiotone sur des mots à l’envers. Le gaillard, pourtant, retombe sur ses pieds. Son répertoire est de marge, un peu barge, et totalement créatif. Attentat à la pudeur, saccadé, fait feu de tout son. Et de tout verbe, impudique. Il est rare d’entendre ça, on apprécie d’autant plus les compositions de ce nantais free comme son saxo, désentravé.
Un peu plus loin Horreur sympathique, éponyme, jazze et volute sévère. A nouveau, on se laisse harponner. Bodlin c’est quelqu’un, comme personne il façonne. Ce soir c’est samedi, chant d’bonhomme et fissures sonores. Et toujours ce groove vaguement jazz, passé au filtre de la folie Bodlinienne. Attends lâche lui aussi des spirales classieuses, des cadences éparses qui se greffent à des écrits inspirés qu’on s’empresse d’aspirer. Le serpent qui danse, subtil, déploie une trame bridée. Il calme le jeu, sans pour autant se ranger. Faut quand même pas déconner!
Vers la fin Recette facile, jazzivre, tangue et renforce ce Horreur Sympathique qui nous l’est devenu (je parle du deuxième des deux termes), singulier. Il a de plus le mérite, notable, de sortir chez des gens bien. La paresse le termine, à l’instar de l’ensemble, au gré d’un déroulé déréglé. Tom Bodlin se niche dans les interstices, loin des formats habituels, et nous régale d’une œuvre aussi pensée que sauvage, sans réel équivalent et c’est là un atout supplémentaire à porter à son actif.