Viens donc par ici faire un Tours, Jim Ballon fait Sensations! Décrit comme un alliage entre Flavien Berger et Tame Impala, pas faux, le quatuor m’a plutôt l’air de faire gicler sa propre semence. Son doux français, capable d’exploser en plein vol et de claquer un barouf dément (l’excellent Je fixe sur ce truc si précisément, en ouverture), psyché et répété jusqu’à ce qu’on se le fourre dans le crâne, produit un effet durable. En quête de sons, d’évasion, de climats qui embarquent, le groupe s’affaire avec panache. Ça m’éclate les yeux, sur plus de douze minutes, nous éclate les sens. Dessus-dessous il oppose finesse, notes stellaires, pointes noisy et ce faisant, déploie son savoir-faire sur des durées qui ne l’empêchent pas de briller, loin s’en faut. L’océan brûle, perché, drone vaguement, part bien haut, faussement serein. Je préfère toutefois, chez les tourangeaux, l’option bourrasque. Vague, dans un entrelac presque prog, vertigineux, savamment chaotique, fait dans le lascif trituré.
L’eau qui me traverse, sur un temps plus bref, grésille dans les cieux. Jim Ballon a ce don, porteur, qui lui permet une vision toute à lui. Ses remous suintent la classe, ses bourrades noise suivies de plans au psychédélisme hors-pistes finissent immanquablement par émerveiller. Sorti chez Figures Libres, ça lui va nickel, Sensations est libre, justement, et d’une insondable richesse sonore. Ça m’éclate les yeux – [short edit] le conclut, groovy, dans des fulgurances qui me contraignent à en pousser le volume pour plus encore en jouir. Psyché-fatras, kraut et électro, inclassable, il instaure une parfaite terminaison et je peux sur ces mots retourner à ma timbale de rouge, enivré par les effluves de ce retentissant Sensations.