Croque-monsieur Carrefour (la conjoncture est dure), retrait de ce qu’il faut pour y entrer. L’AF m’attend, j’y pénètre t-shirt Sonic Youth sur le dos et ça me vaut moults compliments. L7 en fond sonore, perfect. Aurélien « Anorak » Farlet vient converser, ce bon gars a aussi le bon mot et de plus, me permet de tromper agréablement l’attente. Nuage Rose débarque enfin, costumé. Surprise, le répertoire s’est étoffé. Sa qualité, déjà prégnante, itou. On volette de cold en électro, de chants d’ Alain (Bashung, si si et ce, dans le mot comme dans l’intonation enfin je crois) en machines à la fumée indus me semble t-il, grinçante. On gigote tous, Nuage Rose assure sa progression, sa transgression (stylistique) aussi et les morceaux impactants se succèdent. Le peuple en reveut, tout a été joué mais magnanimes, les deux dames en redonnent. Déjà comblé, j’en ai pour mon blé mais je le répète: pour 4 euros, par ici, c’est pas sur la paille que tu finiras. Paillette justement, aux lumières, officie aujourd’hui. Oscar à la technique la seconde. On est bien, face à la scène les messieurs-dames d’ Easy Goat se trémoussent de satisfaction. Ca tombe bien, dans la foulée c’est leur tour et celui qu’ils vont nous jouer sera plus qu’apprécié.
Nuage Rose
De Strasbourg venu, le quatuor fait sonner un post-punk moucheté de no-wave où clarinette, chant hallucinant et rythmes concassés, à l’occasion plus frontaux, font sensations sans plus attendre. C’est ma came, elle réchauffe mon âme. Les synthés créent des balafres, de leur Zehr Goat! irréprochable les Alsacien(ne)s tirent un live génial. Espiègles, ils montent se percher mais savent aussi (nous) sonner les cloches (People Like You Make Me Sick, l’excellence faite chanson). Défriché, à base de mot élevés que la provoc’ surligne, le registre passionne. Fearless Alfredo (voix, clavier, clarinette), Kelly Placard (voix, basse), Zoe Heselton (voix, guitare électrique, tambourin) et Zad Kokar (voix, batterie, boîte à rythmes, saxophone), magistralement fous, s’extirpent du cadre. My Humps les voit flotter, tel un Nick Cave dans ses temps de velours, puis faire du bruit. Le talent est évident. Ich Bin Keine Leichte Ziege, à l’Allemand entrainant, renforce le set.
Easy Goat
A l’unisson nous jubilons, Easy Goat réclame du flouze (Money (That’s What I Want)) et le mériterait bien. Il jazze ses compos, invente des sons tarés qu’on se perfusionne direct. Il ondule avec classe, frétille et sautille, prend volontiers la tangente. Il dézingue, jamais trop rangé. Il change de rythme, laisse ses vocaux délirer à l’envi. Tout ce souk, ça se danse pas comme un zouk. C’est bien plus déviant, c’est à notre main car à l’AF, nous goutons fort peu le convenu. Bordel j’adore; avec Mario « LNWKP » planté à ma droite, dont le corps oscillant traduit l’état de contentement, nous sommes du même avis. Comme avec Nuage Rose, le public scande son bonheur. J’ai bu du jus, d’un trait mais aussi et surtout, j’ai gobé, j’ai pompé le nectar Easy Goat, dont le concert court mais de valeur étendue glanera un rang élevé et je l’espère, attirera l’attention de manière durable sur un projet queer bien au delà de l’estimable.
Easy Goat
Photos Will Part en Live