Salò oppresse, met l’humain sous presse et Sortez vos morts, L’Appel du Néant en lui résonne. Il sonne noir, fait de désespoir. Il mêle black métal, indus et extraits de films. Il hurle, à la mort peut-être parce que la vie, il n’en voit que la fin. En huit titres sans lumière, dans le sillage de ce Un homme ça ne s’empêche déjà dévastateur, il sonde les tréfonds, touche le fond, y reste englué. Il constitue, dès la première écoute, une expérience extrême. D’aucuns fuiront, il n’en reste pas moins que les gaillards de Cherbourg En Cotentin, dans la Fange tout entier plongés, en tirent une grisante matière, relevée par Le goût du sang. Salò écrase, ses sons puisent dans la propension de l’être à bien trop se soumettre. A accepter, résigné, toute forme de situation contraire. J’affronte la mort (feat Diego_Karras), parpaing presque grandiloquent dans son extrémisme, anéantit l’auditeur. Qui sans espoir, laissera Salò le réduire. A Néant, évidemment, à moins qu’il ne trouve là, dans le jusqu’au boutisme, sa porte de sortie.
Est-ce là mon avenir?, interroge le trio. Là aussi, le souffle est court. Ou à bout. Mazette, quelle puissance! Salò tantôt se modère, il reste toutefois intense et haineux. Il faut qu’ils crèvent, sachez-le bien, et le groupe vous le beugle à la face. Il ne la perd pas, de même qu’à vue il tire sur celui qui assiste, les armes rendues, à sa propre perte. Liberté surannée en son début calme le jeu, si toutefois il se prenait à jouer. Bien vite, il rugit. Seuls les dialogues cinématographiques, ici, atténuent si je puis dire l’inendiguable élan. Et pourtant j’essaie (feat Mütterlein), d’une intro claire, belle à entendre, évolue vers un duo vocal saisissant. Pavé cinglant, il pénètre lentement. La messe est dite, l’ultime sermon a pour nom La cendre et le sang (feat Mûtterlein, à nouveau) et déferlant, entre motifs mélodiques et tonnerre purgateur, sacre Salò dont le méfait sort chez Source Atone, idéal écrin à ses assauts sans ménagement aucun.