Marietta, après avoir roulé sa bosse dans moults formations, vire au Warietta. Sans se trahir, pas le genre de la maison, il sort de sa poche onze morceaux où synthés, piano et salissures savantes, tons lo-fi et minimalisme sec (l’excellent Maria Mae) lui donnent ombrage et avantage, portés par sa dextérité. Des tons à la Bowie trainent par ici (The Dilation Of Saint Debris), vocalement, dans l’enrobage qui pour le coup mêle prétentions cold et nappes célestes. Et c’est captivant. Voilà du rock de friche qui à partir de rien fait dans la crasse dont on s’attache, dont on s’entiche. Elle a du style, de l’allant. The Laxative Gospel, entre secousses électro-cold et chant déjà évocateur, lance la fête sans connaitre la défaite. Il est sombre, d’ores et déjà de haute volée. To The Mit Dir, pas plus en chair, importe de belles volutes, plutôt amicales. La séduction, un brin déviante, opère sans délai. Elle se souille, au gré d’envolées dirty dont Warietta garde la clef sous clé. Des guitares crissent là, le titre éponyme joue une sorte de jazz englobé de mini-sons qui rappellent le hip-hop. Si si. Puis un chant en Français gouailleur arrive, dans un format rock mordant. Warietta excelle, recourt aussi à l’Allemand et l’effet ne se fait pas attendre.
Quelques ornières plus loin Maria Mae puis The Dilation Of Saint Debris, décrits plus haut, font eux aussi le job et pas qu’un peu. Au mitan de ses pas, Warietta signe The Foreigner. Début dark, à la limite de l’angoissant, atténué par des notes folk. Le titre se déploie doucement, il amène à décoller. Il est presque immuable, mais complètement immersif. Warietta étend son champ, Und Jetzt Immer Noch et ses boites à rythmes, son ton flemmard et vagues obsédantes s’illustre grandement. On se situe, à nouveau, entre prestance vocale et touches viciées. Handkuss Jesus s’habille de poussière, de boue et de cambouis, et n’en attire que plus encore. Nilvange Siri, sur 43 secondes de brume psychotrope, drogue son écoutant.
Après ça la descente, nommée Mona Essen, sert une cold-wave remuante, sans graisse, du niveau des meilleurs mais t’façon, Warietta en fait partie. Warietta est à son affaire, son Handkuss Jesus des ruelles flirte tantôt avec les mythiques JAMC. Le Club Des Morts, sans cadence mais doté de bruit Velvetien, greffe le délicat, la finesse et le ressenti, avec des vents contraires. Enfin The Perfect Missing Plot, ultime « gift » distingué et assez délié, décoré sans faute, s’en vient nous montrer que Guillaume Marietta, quel que soit le projet mis en œuvre, se surpasse et parachève son parcours tout en demeurant intègre, dos tourné aux grimaces mainstream à l’odeur de fiente de pélican.