Depuis longtemps existant, Fandor le bordelais jamais ne s’endort. Particulièrement prolifique depuis quelques années, il nous revient armé de sa pop-rock large, le temps d’ Un rêve dans un rêve qu’on écoutera bien éveillé. Sa qualité perdure, Tous ces lundis la décline sur une trame vive finement noisy. Pop mais sans restrictions, Fandor signe un joli départ. Depuis L’Enfance de l’art, en 2008, l’Aquitain a largement peaufiné le sien (je parle de l’art, pour ceux qui avec attention me lisent). Il reste vrai, intègre, indé et grand pourvoyeur de mélodies qui scintillent. Tes mauvaises pensées s’en teinte, au gré d’une pop-folk vivace et vivante. Fandor trouve les justes sons, en bricoleur outillé de son imagination. Enfin, en troisième position, marie les voix, dame et homme associés. C’est beau, délicat mais malgré ça alerte. Adolescent, sorte de lo-fi digne des spécialistes du genre, renforce ensuite l’effort. J’en aime l’histoire, elle me ramène à l’âge heureux. Et les sonorités, qui ont finalement le même effet. Je m’entends presque, cette ritournelle, la chantonner sur un ton nostalgique.
Désarmés, les gens m’écouteront. Ou fuiront. Le titre, lui, picote une pop là encore un brin noisy, aux guitares nacrées. Fandor joue joliment, Mes amis underground sonne JAMC comme croisant le fer avec Dominique A. Il grésille comme on aime et claque du sucre-glace sur ses souillures. Perfect. Et ces chœurs, d’un apport doucereux. Couchés dans l’herbe, on se remet paisiblement. Le ton s’apaise, dépouillé. Tout ça passe aisément, A l’envers nous subissons alors une cavalcade pop sacrément entrainante, où les instruments à nouveau bruissent. Entre mélopées et moments salopés (avec maestria), Fandor poursuit un cheminement de plus en plus probant. La basse fait pulser le morceau, les guitares en accroissent la beauté et la cadence le fait de son côté tracer. Un rêve dans un rêve se dispense de médiocrité.
Photo Philippe Roure
En quartette de fin, on a tout d’abord L’aube scintillante. Pop ourlée, subtile dans son allant. Les gens qui partent, lent et textuellement notable. Une embardée se produit, personne pour la contester car elle tombe à pic. Fandor dans son créneau ne fait pas le beau, il fait ce qu’il aime et s’y prend fort bien. Lâcher prise s’électrise, file, ne se défile pas. On pensera 90’s bien sûr, c’est le territoire de prédilection du bonhomme. Il achève sa collection sur A quoi bon, au bout d’histoires de vie tirées d’une belle plume. Déliée, la composition se dénude, ténue, pour finir dans la joliesse. L’indie-pop de Laurent Barnaud est une nouvelle fois parfaitement soufflée, en compagnie d’une poignée d’invités qui eux aussi assurent leur partition sans faillir.