Tourangeau, Bleu Shinobi pratique une pop « d’été » légèrement déstructurée, ce qui écrit par ailleurs peut évoquer Deerhoof. Things you won’t do today est son premier album, il étale douze titres mélodieux où ponctuellement le tapage s’invite. On s’y colle vite, parfois c’est trop doux pour moi (Bad poetry) mais les mélopées font fondre, dans le sillage de Sleepy qui entre guitares anguleuses de choix et sons tournoyants, séduit. Bien parti, l’album déroulera ensuite. Until we are old y glisse ses saccades, sur des motifs quasi reggae heureusement assez discrets. Il y a chez Bleu Shinobi, sans qu’on puisse réellement l’expliquer, ce petit plus qui nous le rend attachant. Space food dépose sa ferveur amicale, le délié un brin solaire de Bleu Shinobi contribue à la bonne impression ressentie. Ses ritournelles aussi, 60’s mais de ces jours-ci. Things you won’t do today, éponyme, énergique aussi, vaut lui aussi son pesant d’écoutes. Nerveux, il impose sa rugosité. On ne la fuira pas, loin de là.
Who is Alabama Jones, bien plus détendu, dévoile itou une pop de charme. Même « retombé », Bleu Shinobi conserve sa portée. Ses motifs sont décisifs, à grand renfort de mélodies enthousiasmantes il relègue la grisaille. Il n’omet pas les incartades, le titre en question en offre d’ailleurs une de bon aloi. Daydreaming, dans l’élan, rudoie sa douceur avec prestance. Même la pochette, en l’occurrence, est belle et colorée. God damn Bill!, tranquille, dubbe presque. Mais le propos de Bleu Shinobi est pop, d’éclat et d’éclats, se teintant à l’envi et sans surcharge de mouvances autres. Blood on the grass me fait penser au Velvet de Sunday morning, sur ses sonorités de départ, puis il prend un sentier vaporeux, sans rythme, qui complète la palette. Vers son terme, il se fait plus tranchant. Bien joué.
Doué, sorti des classes de jazz mais en faisant audiblement bon usage, Bleu Shinobi fait la preuve de son savoir-faire. Way out se déploie pépère, recourt à des sons une fois de plus ingénieux, simples mais diablement accrocheurs. Ses riffs mordent, puis Blinded by the lightning perle un tout fortement plaisant. Oh m++++, revoilà des tonalités reggae! A nouveau éparses -et tant mieux-, qui d’ailleurs laissent vite place à des envolées à la suite desquelles la coolitude animée reprend ses droits. Big party, sur plus de six minutes volantes comme ondulantes, conclut alors avec brio et l’opus me remet en tête Bewitched Hands, autre projet -regretté- aux mélodies magiques. On valide en tout cas, sans hésitation, ce Things you won’t do today bien mis et agilement ficelé.