Basé à Toulouse, franco-italien, terestesa s’appuie sur ses trames indés débridées, tantôt expérimentales, pour crier à la face d’un monde dont il rejette l’idée. Le procédé est porteur, il amène à ce Bella faccia que ses six titres honorent. Mondo Cane, jet inaugural, donne le la et surtout, crame une trame noisy furibarde. D’abord erratique, syncopée, d’effluves presque trip-hop mais dans le boucan, la chanson part en stridences et accroit sa cadence. Excellente, voilà une entrée en matière éloignée de toute norme réductrice. Le chant en Italien dépayse, dans la foulée Pezza impose lui un déroulé plus paisible, aux contours printaniers. Le tumulte survient toutefois, la composition vire free et simultanément, conserve sa beauté. Brace, en vagues de sons quasiment psyché, alertes, me confirme qu’avec terestesa, je tiens une jolie trouvaille. Il y a du Deerhoof là-dedans, du désordre pensé, du bancal bien conçu. terestesa ouvre son champ de tir, demeure malgré ça cohérent. Le morceau enivre, groovy.
Plus loin Tali Luoghi, brumeux, immuable ou si peu, se fait drone ou quelque chose de ce genre. terestesa investigue, se refuse à se ranger. Rêveria, d’amorce paisible, souffle un air jazzy qui n’est pas sans rappeler Elysian Fields. La flute y fait merveille, entre autres. Bella faccia, façonné par Teresa Bertoni (guitare – sampler – voix), Amélie Soler Michez (batterie – voix), Lilli Stefani (flute – trombonne – synthé – voix) et William Bonnet (basse – voix), fait alors retomber la pression. Il ère dans l’air, pas loin du serein. Mais Senza Nomi, terme qui s’il débute de manière aérienne accélère ensuite, en pop-jazzy vive et bien présentée, y ramène vigueur et, c’est une constante chez terestesa, propension à dévier des champs habituels. Les derniers instants de la création sont tapageurs, avec une certaine classe. Le résultat final en tire profit, il captive et nous dévoile un projet « bi-pays » digne d’être suivi et porteur ici de réalisations élevées.
Photos Garance Calvet