Les Fantômes du jour sont nantais, pas forcément nantis. Ils jouent un rock qui peut se métaliser, direct ou nuancé, prog par moments, que Ravages -qui risque d’en faire- étale au grand jour. En quête d’identité propre, le quartette n’en fait qu’à sa tête mais s’adresse aussi aux corps. Il arpente une sphère ouverte, aux limites poreuses mais pas peureuses. Il sert une Origine atmosphérique, que relaie Jacqueline et ses accents Tooliens. Sauf qu’ici et on l’entend, et ça joue de plus très bien, on a affaire à une clique qui s’emploie à devenir elle-même. Ca donne de belles choses, lyriques et/ou plus emportées. Vocalement, également, les tonalités varient. On traverse les ères, on claque des trous d’air puis la tempête balaye. Ca peut riffer trash, mélodique aussi, jouer un L’Echec aux airs de victoire. Amorcé par des voix d’ailleurs, il rage et s’atténue, puissant comme bridé. On y décèle des plans presque jazzy, passés au soufre. Ravages a de l’allure. Il ne tient pas en place, mais fait preuve de classe. Gamins, adulte, screame et riffe lourd alors que les vocaux très vite se font caméléon.
Intelligemment conçu, Ravages offre des guitares d’antan. Il change de peau et a du coffre, Madame F au milieu du chemin mord et se plombe. Les Fantômes du jour vous passent le bonjour et vous le rendent meilleur. Situations II fend l’air, syncopé, psyché, sur plus de six minutes où naturellement, les climats clignotent. On retrouve, superbe, une effluve jazz a-normale qui part se percher, avant que le morceau se lance dans une cadence plus vive et opte pour de l’appuyé affirmé. Arguments I suit alors, il se déclinera en trois volets et représentatif de l’ensemble, oscillera entre puissance et tempérance. Avec brio, ça va sans dire. Gwaien, dernier mais pas des moindres, clôturant finement un Ravages ouvragé, façonné avec imagination, loin du convenu et de valeur récurrente.