A l’AF si le vin rouge est à prix bas, les lives eux valent beaucoup par leur impact. C’est muni dudit breuvage que j’assistai donc à la prestation de la doublette susmentionnée, avec pour ouvrir les festivités le projet solo d’Etienne Bance, Service Postal International. Nouveauté splendide, d’un jeu folk animé, jonché de voix d’ailleurs, un brin cinématographiques, alors que l’amienois ça et là chante. La boite à rythme fait pulser le tout, une fois de plus le bonhomme crée du neuf de haute volée. M’étant gardé la primeur de la découverte, ne cherchant que très peu à « pré-écouter » les efforts d’ores et déjà livrés, je me félicite de l’idée. Le concert est prenant, avec Nico qui siège pas loin de moi nous échangeons nos favorables avis. Service Postal International dessert une missive sonore bien ourlée, voyageuse, aussi intense que subtile. Etienne aime, on le sait, à différer. Il y parvient ce soir, avec brio, en nous gratifiant de morceaux aux arrangements ingénieux, digne de son rang. Devant la scène apprêtée pour Omertà, il opère solo -ça lui sied parfaitement- et remplit l’espace. A l’issue nous le louons, avec dans la tête une matière d’orfèvre.
Service Postal International
Après ça l’artiste Florence Giroud, qui initia le projet en 2013, et ses amis provenant de divers groupes de valeur (Tanz Mein Herz, Société Étrange, Balladur et France, tout de même…) investissent l’AF et de leurs ambiances grises, distinguées autant que sous-tendues, que le chant narratif de la Dame met en exergue, séduisent. Expérimental, dans l’errance d’une quête sonique à la poésie saisissante, Omertà hypnotise. C’est les yeux fermés, ou écarquillés sous l’effet de ses textures, qu’on assiste à sa performance. Effluves jazz non conventionnelles, sonorités d’un fin sans fin, léthargie magique enfantent un set que quelques ruades agitent, elles aussi bluffantes. Ardu à décrire, Omertà s’écoute comme pétrifié, flotte à la brise, s’envole gracieusement. Omertà groove et ondule, sa beauté n’a d’égale que sa personnalité. Florence magnétise, autour d’elle on concocte des écrins d’éclat au genre indéfini. L’univers d’ Omertà est insondable, sa classe le déclasse et le place en marge. Il prend ombrage, peut muer psyché, enfume et engourdit un public qui j’en suis sûr, vit là un temps à part. C’est mon cas, assurément. Le doux bruit du projet balaye les doutes que je n’ai jamais eus, tout au moins à son sujet, et nous offre l’opportunité d’un moment privilégié désormais en suspension dans nos mémoires respectives.
Omertà
Photos Will Part en Live