Dans sa tempête de dates Célestine ouvrait ses portes à du rock sans courbettes, ce mardi soir, avec Oodini puis Druugg et ce, notez-le bien, à prix libre comme l’air. Dans deux registres acérés et sans nous ruiner loin de là, nous eûmes droit dans un premier temps à une raclée loco-régionale grungy/70’s assénée par le groupe de Xavier Joli Cœur. D’élans lourds en attaques plus vives, les trois aguerris déposent un ensemble qui se tient, solide, de nature à honorer le vivier des alentours. Autour de moi on apprécie, Oodini fait l’unanimité et l’ouverture fait dans le sûr. Autour du zinc nous devisons, il est bon pour un début de semaine de pouvoir se fader du live digne de ce nom. La Somme elle, s’en fout. Elle coule paisiblement, ne laissant en rien présager de ce qui va suivre. Dans le reflet du hublot, je vois les Belges s’apprêter. Je reprends une gorgée de ce rouge; Druugg pour sa part va s’y nicher -dans le rouge évidemment-, intense et sous haut voltage.
Oodini
On le prévoyait mais le vivre, c’est bien autre chose. Druugg joue un psych-rock enflammé, aux rythmes non tenus en laisse. Franc du collier, le groupe érafle Célestine. Grand bien lui fasse, grand bien nous fasse, on en prend plein la face et Druugg de son côté ne la perd pas. Il a fière allure, noise et garage il débourre un rock qui mord les fesses. Ride me down easy est une torpille, régulièrement les guitares jettent de l’huile et le chant ici vocifère, là-bas rêvasse un peu. You want me to fall insuffle de l’aérien, tout de même sulfureux. Druugg se donne, sous ce nom il débute mais dispose déjà d’une enfilade sans galéjade. La Somme continue à sans heurts se déverser, je jurerais pourtant l’avoir vue frémir. Le quatuor tronçonne, produit un bruit dont il tient bon la barre. La rencontre est bonne, sonique, le cycle belge poursuit sa route sur une nouvelle bonne note.
Druugg
Le bassiste, cheveux au vent, claque une morgue à la Leo Kurunis de Gallon Drink. Le guitariste arbore Johnny, il semblerait que l’ironie teinte ce clin d’œil à l’icone du ridicule. Toujours est-il que le concert, bouillonnant, bombe le torse et pète le dos. I cried a river déboite, paré de belles notes en fond. On ne cesse de headbanger, livré à une incoercible frénésie. Druugg rudoie son public, remplit sa mission sans compromission et permet à Célestine d’assurer ses choix, assumés, dans une belgitude qui pourrait virer à l’habitude. L’absent a eu tort, grandement tort. Ici c’est du vrai, du joué, pas du télévisuel. Il est bon d’en être, c’est même une nécessité et la tirée de ce mardi en atteste sans faillir le moindre instant.
Druugg
Photos Will Part en Live