C’est des belges barjes, tournés vers l’autre (un concert carcéral, un split EP avec le groupe de rap Choolers Division [2018] ou encore des concerts sauvages pour le mouvement Still Standing For Culture émaillent leur parcours. Leur nom provient de « Camarades ! », ce terme fédérateur des manifestant·es lors des gigantesques mobilisations sociales dans la ville de leur enfance, Tubize. Je vous présente Billions Of Comrades, qualifié de dance punk, qui nous sorte un TROTOP carrément trop top. Sur ses sept titres, c’est peu mais on verra qu’en termes de plaisir pris c’est beaucoup, le groupe aborde divers terrains et pour débuter, fait penser à La Jungle pour cette technoise bien secouée, au gré d’un Tetons introductif qui math aussi, louvoie, groove et fait crisser ses grattes dans des suites de motifs addictifs. Le début imparable, que relaie Our Hours (feat. Mike Watt, ah tout de même?!) et ses chants de départ démoniaques, sur une cadence proche du hip-hop. C’est en fait une parpaing euh…noise, presque psyché, pas loin de se faire trap, complètement contentant. Pléthore d’invités apportent leur touche, transformant ce TROTOP en must du moment.
Scab Aalo Pam, frénétique, claque des ruades cinglées. Dans le même temps, il fait voler des sons sans chaines. Les vocaux dévient encore, on notera dans l’opus le recours à plusieurs langues différentes. Tout entier dédié à la Liberté, avec un grand L, il donne des ailes et brouille les pistes. Unitá, post-punk lunaire, dézingue lui aussi les règles. Chez Billions Of Comrades, inventif à souhait, on ne se laisse rien dicter. On t’emmène ailleurs puis encore ailleurs, histoire d’évacuer. Boomgang amène une forme de finesse, se fait moins bruyant. On en pressent toutefois la sortie de route, ce qu’il fait en pulsant aventureusement, imitant quelque part nos Sarah W_Papsun préférés. 1480 lui emboite le pas, sur des phases célestes étourdissantes autant que psychotropes. Billions Of Comrades manifeste par l’audace, par une coloration unique, son refus de plier. Cabra, qui plie l’affaire, se lance dans une course hispanisante un brin exotique, électro, perchée et dansante, changeante et colorée, d’intensité montante et alternante, au terme d’une galette à écouter jusqu’à ne pas même s’en dégoûter.
Photos D.Gilson