Ayant collaboré, en tant que batteur, avec Raoul Vignal, Blumi, Claire Days, François Atlas, This is the Kit ou en encore l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, Lucien Chatin s’essaye à la composition solo sur un premier album très…collectif, sous le nom d’ Hannah Miette. Blumi, Rozi Plain, Kate Stables, Quelque, Margaux Delatour ou encore Fránçois Atlas y interviennent, le registre est folk mais en repousse les limites et respire le boisé, le naturel, au gré de dix créations marquées par la passion. Après une introduction qui retrace les bruits de ce réel si perceptible, audible, Quiet bundle (feat. Blumi) marie folk et électro, fantomatique, éclairé par l’organe songeur de l’intervenante. Le morceau grince avec grâce, flotte, murmure et séduit. Il ne sera pas le seul. Les sons s’avèrent ingénieux, fourmillants. Let Me Know (feat. Rozi Plain) suit, folk en ombres et lumières, en saccades, en sonorités féminines magnétiques. A nouveau, on ressent le vrai, le près de l’être, le joué là, dans la proximité. Hannah Miette nous tend la main, saisissons-la. L’Etreinte justement, un brin orchestral, jette un instrumental voyageur.
L’écume, spatial, se déploie lentement, aquatique aussi. Une Dame l’embellit, de son chant évocateur. On note, là aussi, la splendeur des décors. Ces montées travaillées, gentiment tapageuses. Between The Nows (feat. Kate Stables) introduit à son tour une voix remarquable, drapée dans les cordes. Tout ça est beau, majestueux, un tantinet écorché bien que vêtu de soie. Souvenirs d’Une Possibilité, entre dialogues de fond et pointes presque drone, étend le champ d’action d’ Hannah Miette qui décidément en jette. Il expérimente, en quête d’ambiances, et laisse place à Revoir la Mer que la batterie secoue et fait vivre, en phase avec des notes de choix et un chant posé. La poésie impose ses mots, ses images, ses bouts de vie. Beautiful Game s’obscurcit; ses cuivres le feutrent pourtant, libres. La répétition des motifs le rend obsédant. Enfin Recording 79, sous la minute, joue un jazz lui aussi d’ombre, court, qu’on souhaiterait plus développé. Qu’à cela ne tienne, Hannah Miette pour un premier LP fait fort et laisse derrière lui une série luxuriante, immersive, ouvragée selon de porteuses idées.
Photo Anne-Laure Etienne