Dans le cadre de sa Belgitude appréciable (on sait, si l’on suit la scène, la bonne tenue de celle de nos amis Belges), vouée à durer un an, la Péniche Célestine accueillait ce vendredi Death By Fog, lilloise solo au registre ouvert, et l’électro douce-amère de Guilt, venu lui de Bruxelles. Après Le typhon La Jungle, la veille, la mission s’annonçait rude mais d’emblée la dame du Nord dissipe les doutes, armée d’un carnet de scène qui traverse et transcende les genres. Il y a dans ses ambiances du Dead Can Dance, Alexis « mister harsh noise » à mes cotés dit vrai et la lancinance nous gagne, délectable, épicée par une guitare inspirée, des chants rêveurs qui plus loin vireront black métal en soulignant une attaque bien plus bourrue. Un brin goth, éthéré, Death By Fog surprend et son talent étale, baignant dans une fumée qui lui sied. Aussi songeuse que torturée, sa collection de « songs » ravit le public. Ses riffs appuient, tantôt, fendant une brume sécure. Sa délicatesse pourfend une grisaille bien façonnée, personnelle, qui de temps à autres m’évoque Cocteau Twins. Nous sommes séduits, à l’issue nous lui achèterons même un t-shirt, flanqué d’un Rejoice and destroy yourself bien éloquent. A l’image d’ailleurs de son registre, qui dans le brouillard prend vie puis se désintègre, intègre. Un noir bonheur, en Somme, que la prestation de Death By Fog.
Death By Fog
Quelques bons mots après ça Guilt, duo complice, débute dans une subtilité presque folk qui initialement me laisse tiède, avant de gagner en intensité pour prendre toute sa mesure. Guilt lui aussi explore, son champ est électro mais a le mérite de rester étendu. Il flotte, son chant est très souvent avenant bien que teinté d’épreuves. Là encore, on se laisse bercer, gagner. Maladie mentale, pensées sur le déni généralisé s’inscrivent au programme verbal, le répertoire peut à l’envi s’intensifier. François Custers et Pierre Van Vlaenderen drapent un ressenti certain, le leader habité en fait état. Nous flottons, Guilt développe une approche qui ne tient qu’à lui. La cadence se met à galoper tantôt, au gré d’une fin plus agitée que ce qui a pu la précéder. L’EP à venir, prévu pour octobre 2024, étaye un set de qualité. Habitués à ouvrir, les deux hommes ferment aujourd’hui la marche sans babiller. Célestine valide, ralliée à la cause de Guilt. Seconde d’une série de trois soirées consécutives, celle-ci garde le cap et voit Célestine valider ses choix, avant une affiche plus locale offerte le lendemain même.
Guilt
Photos Will Part en Live