Dog Unit est Anglais, il se colore post-rock mais en dépasse les contours. Instrumental, il conçoit sur son debut LP, nommé At Home, huit morceaux plutôt mélodieux de prime abord, que Concrete Barges on the Banks of the Thames introduit dans la douceur, en émergeant d’un climat jazzy feutré. Lab Coats vivifie ensuite -rythmiquement- le début du disque, dont l’étoffe reste chatoyante. Le quatuor n’hésite pas à breaker, briser l’élan, brièvement, tout en restant à portée. Des guitares à la Rather Ripped de Sonic Youth, sur le titre, s’invitent. Le registre de Dog Unit toutefois, dommage, s’avère moins hérissé. A l’heure où je l’affirme, une échappée bien noisy survient néanmoins. On ne s’en plaindra surtout pas. Puis When Do We Start Fighting?, aux syncopes dépaysantes, ondule et s’encièle avec brio, déchiré par des trouées dark qu’affinent des notes claires. Dog Unit construit agilement, nacre ses pièces de déchirures bienvenues. Réservé au départ, j’opte de ce fait pour un investissement plus poussé. We Can Still Win This le ponctue, sautillant, de belle manière. Ses notes brillent, il est alerte et réserve son lot de montées en force.
Plus loin In a Magic World, Then Yes, davantage atmosphérique, volette. Je lui préfère les temps plus saignants, bien qu’il se pare de brèves incrustes sombres. Suit John X Kennedy, que la batterie impulse de pair avec des riffs blues-rock tranquilles. La quiétude prévaut, mais n’est pas le seul outil des Britanniques. Là aussi, sur des temps courts, l’horizon se grise et sur la fin les guitares sèment l’orage, la crue noisy bienvenue que les futs appuient. Consistent Effort développe après ce terme une trame poppy déliée, subtile mais que la cadence effacée/insistante affirme et qui sur ses derniers instants, se durcit. Estimable, At Home coule d’une belle cuvée. Il finit avec The Dogs Are Barking Again, poli, dont on pressent la montée comme sur les autres efforts. Elle n’arrivera pas mais le contenu, bien conçu, que j’aurais de mon côté lacéré bien plus fréquemment, mérite les égards de ses écoutants. Et puis si, finalement une fin très free survient et couronne l’album, ce qui en charpente la portée et le renforce dans son impact.
Photo Xenia Owens