Duo turinois, Chaos Shrine allie Paul Beauchamp et Andrea Cauduro, expérimentateurs invétérés. Mirror Division, leur collection de six plongées dans les abimes, recense des climats inquiétants, d’une noirceur à tomber, animées par des vagues célestes. Scox, le premier, traverse la nuit. Sans lumière, de sons glaçants, il plante le décor. Les effets saisissent, on les fuira comme on peut tout à fait y rester suspendu. Ou pendu. Harborym sert des nappes obscurément éthérées, fantomatiques, qui elles aussi figent les sens. Et les sangs. Le rythme en fond s’anime, comme venu de loin. Exigeant, Mirror Division s’inscrit à contre-courant. Camio, qui clôt la face A, virerait presque au clair s’il n’était pas si gris. Chaos Shrine sonne la fin, de nos jours, de ses milieux oppressants. Chute sans fin, l’album détonne.
Photo Omar Bovenzi
A l’amorce de sa face B Vapula, indus aux grincements en vagues, confirme la propension des deux hommes à broyer du noir, en devenant pratiquement attrayants à celui qui persévérant est resté à l’écoute. Le rythme s’affirme, Chaos Shrine est oraison. Malphas met en bière, l’expérience pourtant se vit. Enfin Allocer, final spatial, monte au ciel tel le disparu, au gré de séquences nébuleuses. Mirror Division, on l’aura compris, est un disque à aller chercher, qui de lui-même ne se livre pas. Il appelle don et immersion, à l’issue guette un moment singulier dont on s’empare ou se sépare, c’est selon…