Italien, Grigio Scarlatto est un trio shoegaze dream pop qui avec ce Detox sort son premier « adult album », après Antiuomo qui date lui de 2020. Il porte sept titres, Intro développe déjà une trame dreamy assez alerte, rêveuse évidemment, un brin tumultueuse. On est dans le shoegaze quand les guitares s’intensifient, pour une entrée en matière courte mais appréciable. Segni suit, sur une dynamique post-punk, mais il est bel et bien shoegaze lui aussi. En termes d’impact, Detox se distingue. Addictions, routine et habitudes sont traitées, en sujets à noter. Les chants sont amicaux, percutés par une instrumentation remuante. Les bourrasques de Grigio Scarlatto font leur effet, So Softly se saccade et sème poudre de chant, mélodies pop et pulsions d’une basse ronde. Là encore, on prend bonne note du résultat. Guacamole, plus piquant qu’un avocat, riffe sec et confirme les bonnes dispositions du groupe. Il est alerte, comme la plupart des créations.
Plus loin Nodo, cold en son début, me ferait presque penser à Motorama. A The Cure, aussi, pour ses climats, avant que tout ne vire au shoegaze bien joué. Le nerf demeure, dans les montées de sève qu’instaure Grigio Scarlatto. NSSP, qui suit, s’y adonne d’ailleurs dès ses premières notes. Les vocaux restent dans le songe, on calme le jeu puis l’énergie noisy reprend les commandes, sans se retenir. La chanson breake, reprend après ça sa course incoercible. Detox est réussi, il s’achèvera sur ce Martedì aux chants plus affirmés, plus belliqueux, en phase avec un rock frontal. Les motifs se répètent, créant une salve quasiment psyché, laissant ensuite la vigueur se réinstaller. Plutôt bref, le titre est concluant et termine un effort de qualité, sans esbrouffe ni tromperie sur la marchandise. On a même droit, passé une phase de silence, à une sorte de bonus en retour à du shoegaze une fois de plus valeureux.