Regardez-les donc sur la deuxième image, plus fiers qu’un mousquetaire, exhiber leur galette! Our Decisions, condensé de post-punk, d’électro-indus coup de poing, de déflagrations de synthés déglingués qui font même gazouiller les oiseaux sur fond de synth-punk furibard aux chants remontés (Path of Extinction, premier balle décisive, en ouverture). Frustration revient, sixième opus en mains, et State of Alert le complète d’un allant cold-punk bien connu du gang, qui en maitrise toutes les ficelles. Il y a de l’urgence là-dedans, comme il y en a à rejeter ce monde véreux. Omerta, en Français, refuse d’ailleurs de la boucler. Les synthés fusent, le chant m’évoque un Ozibut. Ca déflore de partout, Frustration est en grande forme et soigne le fond autant que la forme. Ses sujets sont d’intérêt, Catching your Eye déboule dans une énergie punky incoercible. La basse pulse, les motifs comme à l’habitude assurent un digne habillage. Frustration est une valeur plus que sûre, il semble même se bonifier avec les années. Vingt au compteur, tout de même, à l’heure d’ Our decisions.
Photo Titouan Massé
Ca fait un paquet, ici les guitares s’empourprent et voilà Paws on the Game que les synthés font voleter, pour une nouvelle tentative incisive. L’organe de Fabrice, typique, race bien sûr le rendu. Pas loin de Joy Division, plus près encore de Frustration qui n’a de cesse de creuser ses propres labours. L’unité est évidente, l’obscur des postures peinturlure un disque qui comme tous les autres fera aisément son trou. Riptide, indus d’abord spatial, presque psyché, s’acidifie et lentement, monte en pression. Il breake cold, ses vagues triturées et tons 80’s cohabitent. Inattaquable. Frustration tient droit, Pale lights se saccade dans une forme de légèreté avant de placer des accélérations. Le quintette dépose là quelque chose de personnel, il n’a plus rien à prouver. Il importe, toutefois, de continuer à rallier et sur ce point qu’on se rassure, il n’est pas dans le dur. Vorbei, en duo avec Anna, chanteuse du combo rouennais de minimal-wave Hammershøi, amène tout à la fois féminité et obsession des nappes. Une dualité vocale aussi, et de l’aérien hypnotique.
Fort bien ficelé, Our decisions enquille également ce Consumés dont le refrain résume l’esprit. Une vision torpillée, désenchantée, à grands coups de lampées sonores débridées. Elle prend fin brusquement, comme désintégrée en plein vol. Le terme arrive, Secular Prayer se charge de sonner l’hallali. Il se déploie colériquement, se tempère ensuite dans un brouillon de sons en fumée. Dix chansons, autant lingots; Frustration signe une performance de premier du classement et pas une minute, il ne baisse la garde. Il la monte au contraire vaillamment, en gardien d’une mouvance dont il est logiquement devenu l’un de nos étalons .