Les gaillards exagèrent, ils parlaient d’un album. On s’y voyait déjà. En lieu et place, on a à se fader un Everything de trois titres, alors…on la boucle et on se l’envoie, happé par son trio de compos sans défaillance aucune. Les influences du groupe, variables selon ses membres, sont croquées et digérées. Free, aux paroles libératrices, appelant à être soi, dégaine ses voix vindicatives, sa finesse virevoltante, ses coups de tonnerre tout en nerfs. Avec panache, il scande et bruisse. Il breake, aussi céleste que cold, quelque part psyché, truffé d’instruments aux trames séduisantes. Last Night We Killed Pineapple fait merveille, l’ep a été enregistré aux studios Celebration Days Records et a bénéficié de l’expertise de Louis Morati. Une partie 2 pourrait lui succéder un de ces mois, un LP ensuite mais revenons à l’essentiel, à savoir ce Everything qui gâte ses écoutants. Son Forest, clippé avec génie –LNWKP, on n’est pas sans le savoir, est bien entouré-, me rappelle quand ado, j’écoutais The Cure. Standing on a beach, été 86. Pourtant, il s’étend bien au delà du registre de ladite formation, légendaire. Noisy dans certaines guitares, clair plus loin, obscur et offensif, il vole au vent et soudainement, prend la tangente après un passage climatique déjà saisissant, aux voix rêveuses. Son terme déflagre à la Goo, genre Titanium Exposé.
On flirte là avec le parfait, l’amalgamé habilissime. J’ai déjà dû l’écrire mais les amienois, en termes de composition, se hissent au dessus du lot. Everything, dernière envolée où les guitares font surgir dans mon esprit enjoué l’ombre des Smiths, d’un Johnny Marr au jeu si singulier, vient parfaire un Ep magistral. La chanson gagne en intensité, ses vocaux à nouveau crient et derrière, y’a des « oohh-hoo » à la Thugs. Si si. Après Multicolor, LNWKP se fend d’une nouvelle parution qui le voit évoluer en restant dans sa veine, affinant son approche, accroissant son impact sonore et vocal, cheminant et défrichant avec le succès et les aptitudes qu’on lui connait. Ses lives, à l’instar d’ Everything, font eux aussi sensation. On attend la suite, en piaffant. Un EP c’est bien, celui-ci est brillant mais on sait nos « Last Night » capables d’enfanter une dizaine de haut vol. Pour l’heure nous avons cette triplette, irréprochable, à écouter toute affaire cessante, puis des concerts à venir qui en feront gicler toute la sève.
Photo Dom