Trente ans d’existence, de résistance, d’opposition à toute forme d’oppression, ça se commémore. Tagada Jones, rennais révoltés, le font avec un TRNT à gober d’un trait, Best-of de seize morceaux percutants, issus de sa longue discographie. Un inédit, Le Poignard, vient étoffer l’ensemble et le lui mettre dans le dos, bien planté. Le dernier baril poudre le premier, prix élevés à l’appui, porté par une sauvagerie toute Tagadienne. On scande, on rue, les guitares tonnent. Le pouvoir, à revoir, en prend pour son grade. Il le mérite, son Zéro de conduite juteux comme le fric que sur notre dos il engendre. Manipulé illustre nos vies, en boulet de canon hardcore-punk émaillé de sons autres. On n’est pas là pour rire, mais plutôt pour dire. On ne s’en prive pas, il y a d’ailleurs matière. Combien de temps encore, à ce sujet? Riffing dynamité, dénonciation de discours trompeurs. Tagada Jones, lui, ne trompe pas. Ici, il offre des cordes. Si si, et ça sonne joli, quasiment joyeux! Nation to Nation ensuite trace grave, dans un anglais viril. Le réengistrement dope le recueil, réellement galvanisant. On s’y abreuve. Je suis démocratie, Jean-Pierre Le Goff trône sur mon chevet, se donne la parole. Il l’a vive, le verbe de Tagada Jones n’épargne aucun véreux.
Thérapie, colérique piqure, parée de notes ici aussi plus légères, « orchestrales », dégaine ses coups de boutoir. En cellule, capitonnée, on l’écoute. Cargo nous happe, à flots, dans un débit rageur. Les hymnes sont là, transcendés. La clique secoue le cocotier, Vendredi 13 fait valoir des chœurs wild. Des élans mélodiques s’installent, bienvenus. Derrière ses barricades sonores Tagada Jones, en désaccord, projette un Elle ne voulait pas presque Wampasien. Le Hold Up est parfait, lancé à toute berzingue, groovy de par sa basse. C’est la bande à Bonnot ou quoi? Mort aux capitalos, v’là les bandits en auto…bref Parabellum, Schultz nous te saluons. Tout Va Bien allège les maux, apaisé. Mais jamais soumis. On apprécie, d’un bon apport, les incrustes en petits sons malins. Le feu aux poudres verse de l’huile, d’un force de frape métalisante que là encore, des décors mélodieux encadrent. Mort aux cons, qu’on reprendra partout, sonne l’une des dernières charges, à base de « lalala » sans compromission. Enfin SOS Dub, tout en apportant une touche dépaysante, façon Lofofora des débuts je dirai, termine victorieusement une compil’ de haut vol, qui devrait donner l’envie d’aller piocher dans la carrière de ses expérimentés géniteurs.