A ne rater sous aucun prétexte, la doublette de ce samedi faisait figure d’événement pour le 1001 Bières, qui à son affiche comptait les excellentissimes Mars Red Sky. Julien, le boss des lieux, n’en est pas peu fier et me le confie, ravi, comme s’il n’y croyait pas. Je me dévêts, t-shirt Treponem Pal en guise de parure. Quelques lampées plus loin, ces Mad Act du coin, que j’avais jusqu’alors peu vus et c’est là un tort, ouvrent en trio post-métal instrumental, signant cinq missives soniques du poids d’un éléphant qui barré du parc zoologique, arpenterait la Hotoie. Ses longues effluves font leur effet, elles louvoient entre le post, le doom -un nouveau morceau, Doom party, sera d’ailleurs exécuté et fera sensation-, des galops acharnés et quelques trouées psyché alors que le sludge vient se nicher dans l’ensemble. Aussi singulière que dotée de savoir-faire, la bande d’Amiens annonce un EP. Il faudra l’acquérir, Mad Act étant à mon sens à ranger dans la catégorie de ceux qui font tout bien, forts de leur dextérité. Gras, noir et agile, ayant dans son carnier une palette large, le groupe non seulement se différencie mais en outre, fait émerger des sensations qui laisseront des traces.
Mad Act
On salue, bien bas, Mad Act. Il le mérite. Ses scènes le consolident, ancrent son registre. Fil de l’ASCA est là, en inlassable voyageur de nuit. Les vinyles du merch attirent notre attention, parmi eux et entre autres trône un Headcases. MatGaz, cogneur de Mars Red Sky, y joue et ce n’est pas là son seul projet. Justement les gars s’installent, nous voilà partis pour la messe MRS entre plomb psych, vocaux célestes et doom éthéré. On décolle, cloué au sol. Si si. La subtilité fuzz de Mars Red Sky, ses enclumages maison, ses envolées enciélées font le bonheur de tous. C’est presque religieusement qu’on l’écoute, soumis à ses plages d’un autre genre. Son univers le distingue, sa posture entre mélodies spatiales et montées heavy au ralenti en fait une entité à part, précieuse, porteuse d’une approche bien à elle. Cosmique et puissant, Mars Red Sky impose un trip sans retour. Une gêne aux mains de Julien Pras n’entravera pas la bonne marche du set, il aura d’ailleurs la classe de s’excuser de l’incident. On l’applaudit, de toute manière conquis. Depuis Corbie au Bruit du Rock, il y a 10 ans si je ne m’abuse, les Aquitains nous ont façonné un répertoire captivant.
Mars Red Sky
Ils sont devenus, nul ne le contestera, une référence. Leurs chants enchantent, leur noirceur psych-doom éclaire notre horizon. Leurs ambiances, ouvragées avec subtilité, font dans le progressif immersif. Sa dernière galette, un Dawn of the dusk qui les voit évoluer par touches pensées, cimente un show solidissime qui de Slow attack à Strong reflection, tiré lui du « debut album » des bonshommes, sème la félicité. Collector, de l’ep du même nom, ou encore Maps of inferno, salve 70’s à l’éclat actuel, prolongent l’ascension que constitue le concert. Celle-ci s’acidule, se pare de coulées fuzz torturées. On ne s’en extirpe pas. On en tire d’autant plus de profit que la vision du projet, ses penchants DIY, son amarrage dans une sphère inédite en boulonnent la crédibilité. Mars Red Sky sonne comme personne d’autre, dépositaire d’une alchimie particulière. Le live de ce samedi frappe fort, marque les esprits et entérine sans coup férir ses travaux, ingénieux, dans l’optique d’une suite qu’on piaffe d’impatience de découvrir.
Mars Red Sky
Photos Will Dum « Will Part en Live »