Jeunes -à peine plus de vingt ans-, ils ont déjà tout gobé. Tout assimilé. Un six titres considéré comme trop poli ponctue leur aventure, déjà probante. Une ouverture pour les Fleshtones, aussi, de même que des reprises sûres et de goût. Aujourd’hui, on durcit le ton avec Don’t Be Boring qui pour un premier LP, va en étourdir plus d’un(e). Pété de maîtrise, il dépote et dessert, magistral, une suite de tubes entre vigueur et simplicité, doublés d’une capacité à bien jouer qui fait qu’à l’arrivée, on danse des deux pieds. Blow My Mind, en locomotive rutilante, file bon train. On y entend, chauffé à blanc, un rock digne des plus grands. Jim Diamond, bassiste des Dirtbombs, a enregistré le tout dans la vérité la plus avérée. Le morceau est urgent, définitivement addictif. What’s Going On?, dans son sillage, percute dans une dynamique échevelée. Dynamite Skakers a du style, de la classe, la touche féminine décisive en la personne de Lila-Rose ATTARD, bassiste merveille. Autour d’elle Elouan DAVY (chant lead, guitare), François ROCHETEAU (batterie, choeurs) et Calvin TULET (guitare, choeurs), ne faisant qu’un, s’en vont tutoyer les cimes.
Ticket girl, teigneux, maintient la flamme. L’objectif avoué de « retrouver l’âme des sessions Sun Records, millésime 1955″ est complètement pulvérisé. Directement validé, l’album livre un Split Brain entre vitesse et chants alliés, aussi frontal que fatal. On capitule, ça ne s’explique pas si ce n’est par la qualité optimale des compositions. Garage, formation classique en guitare « fois deux »-basse-batterie-chant(s), Dynamite Shakers serait presque insolent d’aptitudes. Sa juvénilité fertile, aucunement entravante, pourrait le mener loin. The Gates To That Sweet Song Of Yours, à l’atmosphère feutrée, retombe en intensité mais sur son second volet, accélère. Il s’ajoute de ce fait, logiquement, à la charrette des réussites imparables. Look How Fast It Goes, quasiment punk-rock en son amorce, opte ensuite pour une trame rock racée comme appuyée. L’élégance teintée de fougue du quatuor, de bout en bout, en fait un must. The French Top Ten, mid-tempo fuzzy, étincèle et se pare de notes bluesy. Ces gens-là respirent le brio.
Photos ADAM LE SOMMER
I Can’t Wait For You, torpille rock’n’roll, riffe sec et pulse ardemment. Les guitares sonnent, tantôt le morceau se tempère sans perdre de son allant. La mélodie pointe, balafrée par la sève de Dynamite Shakers. Celle-ci inonde Ridiculous, loin de l’être, qui tourne à plein régime. On trouve, constamment, l’accord qui met tout le monde d’accord. L’unisson flamboyant, dans le rouge ou au pire, dans l’orange de réalisations renversantes. Ridiculous lance une grenade, l’avant-dernière de ce disque que j’adule. Enfin The Bell Behind The Door, distingué et simultanément mordant, s’en vient alors twister diablement pour, incisif et de terme volcanique, clore un Don’t Be Boring superbe, en dix titres dont autant de pépites, à s’écouter sans modération aucune.