Rémois, Chester Remington est mené par Odilon Horman, entouré de quatre autres artistes. Nobody Cares About My 4 Tracks Record (2020, autoproduit), DOLDRUMS (2022, Le Cèpe Records), une tirée de clips déjantés, une Session solaire avec Falling Sun Session (2023, autoproduit) jalonnent son parcours. Avec Almost Dead, soit neuf titres entre fantaisie (sonore comme vocale, sur Shake It par exemple) et tons grunge sans politesse, virées psyché, mélodies rosées, il nous dégote le meilleur de lui-même. Le disque est large mais tenu, il part pied au plancher sous l’impulsion d’un Love enflammé, mais aussi plein de finesse. De l’indé en béton armé, pour un lancer de dé qui accouche d’un six. On breake, on scande, on repart dans le rouge. Perfect. You Liar et ses guitares grinçantes, ses ruades de batterie, se fait à son tour remarquer. Lui aussi varie, jamais figé. Il s’excite, prend des virages, vient parfaire l’entrée en matière. Shake It, cité plus haut, groove avec folie et allant, avec force sons foufous aussi. C’est du bon, à l’opposé de l’immuable.
Quelques délires plus loin Fire In Higher Ground, mignardise psyché maison, rudoie comme il peut adopter des tons 60’s peaufinés. Il rappe presque, dans ses voix. Almost Dead, je le pressens, va plaire dans l’hexagone. Chester Remington l’a conçu un peu partout, dans des lieux parfois insolites, selon un esprit vintage, le menant aux sommets. Il s’agit d’une pépite, bien de chez nous, qu’on pourrait nous jalouser. Black Hole Fireworks, psych-folk je dirai, s’y glisse joliment. Il monte en puissance, demeurant de teneur céleste. Il est beau. L’opus sort ICI et PAR LA, des deux côtés c’est qualité totale dans le catalogue. Black Hole Fireworks délivre des vocaux d’antan, proprets, un brin Kinksiens. Chemicals fuzze, leste, lourd, mélodique dans ses accalmies, et renforce le travail.
Photos Olivier Fourny
Irréprochable, Almost Dead se fend ensuite de ce Life Is Weird qui couple notes fines et déviance bridée. Il monte haut, psyché mais pas seulement. Chester Remington construit avec dextérité, il élabore sans se perdre dans ses créations. Call 911 flirte avec le stoner, le heavy, en se parant d’envolées sévèrement spatiales. Il accélère, percutant, pour ensuite reprendre des abords saccadés. Chester Remington jamais ne s’effiloche, il met des taloches mais sait aussi passer le baume. La chanson-titre le clôt dans un canevas psych-pop une fois de plus magnifique, ténu mais alerte. Il hausse le ton lui aussi, déconne et résonne avantageusement. Il retombe, frappe derechef, et termine magistralement un album débarrassé de tout creux.