De son jazz pas naze Rhùn, clique hirsute et en rut, revient troubler notre quiétude. Tozzos est son nouveau méfait, on y trouve quatre titres à rallonge, extensibles, souples et frappadingues, de velours et de folie, que Xïem (où les troubadours nus mitraillent les babouins morveux) présente sur treize minutes hors-contrôle. Les rythmes s’affolent, les cuivres les suivent dans leur écarts. Vocalement, c’est le cirque. De coups de boutoir en syncopes que des tons garage appuient, la Fanfare du Chaos sème un joyeux bazar, propose un jeu de pistes déroutant mais passionnant. Henc (j’aurai voulu tuer le vendeur de jasmin), long pour sa part de 600 secondes « et des », s’amorce dans la feutrine jazzy, semble hagard, valse comme après une nuit de débauche. Son lyrisme dépaysant, jonché de passages innovants, sonne la charge et retombe quand ça lui chante. Tozzos est de niche, insoumis, racé et singulier.
Au troisième rang Theusz Amstrad, assaut sauvage façon hooligan improbable fan de jazz, couinant, alerte, se pare d’une énergie renouvelée. Rhùn est en fièvre, calme le jeu sans flinguer la tension en arrière-plan. Il vaut le détour, quand Zöfm le termine il alterne passages aériens et courses folles que les glissières ne freineront pas. Tozzos est exigeant, versatile, d’importance car dédié à la marge. C’est avec bonheur qu’on le parcourt avec la perspective, à chaque passage consenti, de nouvelles trouvailles sonores et d’une insondable richesse -et liberté délibérée- de tons.