Prolifique comme un Robert Pollard, Nick Saloman, à la tête de The Bevis Frond, nous gratifie d’un énième opus rutilant. Focus on nature, porteur de dix-neuf titres, oscille entre pop-rock, folk, ruades noisy et parcourt le spectre indé parfait. On pensera, souvent, à Dinosaur Jr ou encore REM sans oublier The Lemonheads. Les guitares brillent, rugissent. La voix est Mascisienne, la cadence régulièrement élevée. Ca fait longtemps que l’affaire dure, ici elle s’amorce avec Heat et son rock plutôt brûlant, et trouvera sa fin en un Hung on a wire d’un blues-rock pesant, tout aussi achevé, sur fond de spoken word et incartades bourrues. Entre deux que du bon; Focus on nature, éponyme, se fait folk mais animé. God’s gift dépote, lancé dans une trame rock sévère. Les guitares se livrent à une embardée, qu’on entérine sans plus attendre. Vitruvian man, finesse proche de la folk à l’instar de Focus on nature, séduit aussi. A mirror, d’une pop ornée avec talent, sobre, parachève la première série de cinq. Alors que Leb off, à la suite, met ses mélodies mélancoliques en scène. Magnifique. Here for the other one suit un procédé similaire, pour un rendu de même portée. A ce moment l’auditeur, s’il connait le projet, comprend déjà qu’il ne le trahira pas.
Plus loin Happy wings, délicat, embellit l’horizon. On ne peut qu’être saisi, à l’écoute, du savoir-faire sans ratures que signifie le disque. Empty, sorte de rock sauvage dopé aux motifs légers, le démontre et dans la foulée Wrong way round, poppy sublime, fait de même. L’offrande est un trésor, Mr Fred’s disco y insère une touche climatique d’éclat. Jack Immortal secoue le cocotier, si bien que l’ensemble est d’une tenue entièrement dosée. Avec, cerise sur la pédale d’effets, une dominante rock avérée. Hairstreaks n’en est pourtant pas, ténu et retenu. Maybe we got it wrong hausse ensuite -sans trop en faire- le ton, vaguement country, Brocadine lui succède en se mettant à nu. Big black sky, plus joufflu, revient à du frontal mélodieux. Il n’y a rien à jeter ici, Focus On Nature s’écoute sans détours. The hug, sur guitares en vue, le crédite d’une pop stylée qui n’hésite pas crachoter. Puis I can’t breathe, avant le titre de fin évoqué plus haut, développe une sensibilité palpable. The Bevis Frond, doué, augmentant sa discographie d’une nouvelle création aussi généreuse que riche en compositions réussies.