Etendard de nos régions indé, Lysistrata sort avec ce Veil son troisième album. Aussi pop que noise, maîtrisé, produit par Ben Greenberg (Metz, Algiers, Beach Fossils, DIIV…), celui-ci fait mouche autant dans la retenue (l’introductif Tangled in the leaves, superbe effort quasiment folk-indé doté de vagues triturées) que lorsque délibérément, il lâche la rampe (See through et ses saccades encolérées). Mature, le groupe se renouvelle sans trahir l’identité qui dès ses premiers pas, le distinguait. Au contraire, il la peaufine. Horns, entre pop de choix, exaltée, et brèches soniques, fait lui aussi forte impression. Okay, passé le See through cité plus haut, distille une mélancolie alerte, prenante, entre motifs fins et flux acides. Les mélodies brillent, pures ou plus « dirty ». C’est avec un plaisir non feint qu’on écoute ce Veil, au delà de tout soupçon. Rise up, de ses ruades au bord de l’indus sur certains de ses recoins, louche vers les Psychotic Monks. On entend, ici, la même propension à errer avec succès. Des trouées noise surviennent, sans ménagement aucun. Veil sort chez Vicious Circle, il y est évidemment fort bien entouré.
Parfaitement pensé, il enthousiasmera. Acid to the burn se pose en cavalcade poppy fervente. Lysistrata bouillonne -d’idées, d’énergie-, canalisant tout ça avec bonheur. Trouble don’t last, prétend t-il en guise de septième pépite. On sent la crue, la montée, la lézarde sauvage. Elle se produit, entre bruit et accalmie trompeuse. Artifice, ensuite, en est dépourvu. Sur près de six minutes, il percute et se syncope. Tendu, il offre des excès délectables. Les ritournelles sont bien là, précieuses, fouettées par des ressacs noisy. Feel the shine, d’humeurs nerveuses en passages brièvement posés, lance la fin sans dérailler qualitativement. Lysistrata signe un disque de tout premier ordre, sans rentrer dans les ordres, à se payer par ici. C’est Livin it up, un brin planant mais bien sonore, qui lui met fin en validant son entièreté, largement à la hauteur du talent d’un projet recommandé.
Photos Emilija Milusauskaite