Déjà probant avec les six titres de Koma Forte, il y a tout de même quatre ans, Tisiphone se montre plus crédible encore avec ce démentiel Riot Puppets, large et cinglant. Sûr de sa Force, c’est le morceau introductif, il empoche une électro aussi vrillée que barrée, dans les cieux. Les textes, en Français, surlignent le tout de leur matière à penser. Le rythme culbute, charpentant un début de qualité « plus plus ». Puis Deep, d’un groove électro-cold aux relents indus, sombre, offensif en sa fin, aiguise l’envie d’en entendre plus. Ca tombe bien, Ranged se fait massif et voit sa basse émulsionner, ses chants amples virer mélodiques enfin, pas trop tout de même. Derrière ça grince, on peinera à définir le style et c’est pour ça qu’on aime, et reconnait, Tisiphone. Passages volants, ruades dirty voisinent là sans se tirer la bourre. Tisiphone expérimente, navigue avec maîtrise, et le rendu s’en ressent. Pendant 1000 Ans, syncope hip-hop viciée et possédée, m’obligera à des tonnes d’écoutes. Il ratisse large, dévie vocalement, louvoie lui aussi au mitan des courants. Imparable.
Quelques sensations fortes plus loin Smoked, cold, songeur, se retient. Il apporte un plus, moins fissuré, plus ouvertement climatique bien qu’annonçant la crue. Riot Puppets, à sa moitié, attire d’ores et déjà sans qu’on puisse lui résister. Tisiphone lâche un Area qui n’est pas sans m’évoquer Kas Product. Dark, tendu comme un arc, il va vite et s’habille de sons virevoltants. Ses voix sont cris, primaires. Le voyage s’accentue, The Sound Of His Voice sert un post-punk riffeur qui à son tour, puissant, sec, minimal, fera du mal. Le trio noise, ose, et dépose là une composition de haut vol, à l’instar de l’entièreté de ce Riot Puppets. Que Sick, lent, vaporeux mais souillé, étend avec prestance.
Il reste alors deux pépites, digne du groupe, à s’envoyer. Unknown Puppets, cold comme quelques autres, nappé de sonorités bien trouvées, séduit. Les cadences font du Killing Joke, ère Fire Dances. Tisiphone fait forte impression, à tous les niveaux. Pour finir il propose un titre long, Cloche, obscur. De nuit. Il se déploie sans hâte, perché. Sur son second volet, il mue bruitiste. Marquant. Infaillible, libre de ton(s), Riot Puppets permet à Tisiphone de franchir une marche, direction la reconnaissance, tout en entrouvrant la porte à des prestations live qui elles aussi, auront très certainement un impact durable.