Date du lundi, date pas pourrie. Au son de Consolidated je descends la rue Terral, à mon arrivée et à l’intérieur c’est Infectious Grooves qui résonne en fond sonore. J’échange avec cet homme, nez percé, sur les courants de zik. Le judiciaire, aussi. Pendant ce temps, Jus de Société termine sa balance. Ici, c’est tranquille le soir et peinard tout l’temps. Mon ballon de rouge se vide, en même temps que s’écoule le temps. Le quatuor à la dérision hilarante, sans genre précis si ce n’est qu’il arrache sévère et castagne ça et là quelques morceaux largement inférieurs à la minute, débute enfin. On se marre grave, au delà de tout ça le vacarme de Jus de Société vaut largement qu’on s’y attarde. Son humour aussi, ses pointes noise et stridentes tout autant. Jus de Société, c’est du n’importe quoi sonique -et verbal- génial, des ruades qui ne laissent rien en ordre, des sons de guitare qui font la nique à tout le monde, des synthés qui partent vers la glissière ou bien la stratosphère. Damned, c’est trop bon. Ces quatre-là s’y entendent, à chaque fois je m’y laisse prendre. C’est pas la première fois, surement pas la dernière non plus. On ne sait toujours pas, à l’issue, quel est le meilleur groupe de rock français. Trust, Téléphone, manquait plus qu’Indochine et la guerre était déclarée tiens!
Jus de Société
Quelques bons mots plus loin Jus de Société, puissamment déconneur, a fait mieux qu’ouvrir. Dominique, au micro, est passé vociférer. Avant ça j’ai taillé le bout d’gras avec Iso Couderd, de Chien Pourri dont j’ai parlé ICI. Avec sa collègue Maud, il nous offre ce soir La nuit. Longue intro trip-hop obscure, à la montée dont on ne redescend pas. L’envol est continuel, traversé par des secousses éparses. C’est comme dans un rêve, aux chants de dame occasionnels, plongé dans la torpeur, que se produit Chien Pourri. Il s’ébroue, éthéré. Son univers électronique lui revient de droit, semblable à peu d’autres.
Chien Pourri
D’aucuns s’accroupissent, les yeux rivés sur le duo du sud. Bercés, nous sommes désarmés. Caliban, un brin plus « tumultueux » que le reste, se Portishead magnifiquement. Il est long, donc d’autant plus prenant. Les vocaux s’y lient. L’ambient guette, Chien Pourri aime la nuit et la crépuscule. On l’y suit, sans trouver à redire. Il est tard, je ne verrai pas Doux Leurre mais j’en aime le punk noise furieux et halluciné, vu dans d’autres antres. J’ai de toute manière mon compte, en son assaillant Slayer s’est même invité parmi nous histoire de bousculer nos séants. J’éteins l’appareil, j’aurai aussi devisé avec l’éduc Rémi, un vrai, à bout de souffle, de la perte de sens qui nos métiers écorne. Heureusement il nous reste le son, ce repère précieux, et les fréquents lives de l’AF dont celui décrit en ces lignes, bien trop concluant pour que je le passe sous silence.
Chien Pourri
Photos Will Dum