Antre maintenant prisée, la Péniche Célestine et sa nouvelle scène surélevée se parait d’effluves indé écorchées, ce vendredi, avec The Little Death (Rouen) et à sa suite Soror (Bruxelles), dans deux styles distincts et pourtant complémentaires. J’arrive, une bise à Nico et j’investis l’embarcation. Dans l’attente je me mets à admirer, attrayant, le stand du deuxième groupe nommé. Plus tard Stef, mon ex-stagiaire éduc’, arrivera vêtu d’un sweat Beastie Boys, déclenchant ma jalousie. Pour l’heure je fais des clichés, au téléphone, postés sur Insta parce que quand t’es là, l’esprit plus léger ou moins embarrassé, il est bon d’en dire un mot. Je sirote mon rouge, Nico vient ironiser sur ces planches nouvelles qui ornent sa Célestine, décidément magnifique. Ca va pas tarder, j’opte pour le côté gauche et la paire normande, elle, ne le sera pas. Aguerrie, elle joue des tracks souvent frontaux, prend des pauses sans se la péter, brasse rock et garage, électro et minimalisme.
The Little Death
Le riff est cru, le service d’un bon cru. A Rouen de toute manière, pullulent les bons projets. Les titres s’enchainent courts et sans creux. Violet, de Hole, me fera même chanter-hurler. Les 90’s, le bon vieux temps. Devant ça s’éclate, Amy Wood et Tom Ledbetter ralentissent parfois et glissent des mélodies dans leur joyeux vacarme. Un petit fils punk d’ anarchiste mineur du nord de la France, une enfant née du nord de l’Angleterre élevée au folk et au rock des 70’s; il n’en faut pas plus pour accoucher, en toute logique, d’un rendu sec et insoumis. Ils annoncent Soror, on est déjà dans le bonheur. J’échange, avec ma voisine, sur la question des tutelles. Soror prend place, va s’ensuivre une série tout bonnement bluffante où les variations, les sautes d’humeurs, les élans soniques vont surligner la prestance d’une chanteuse magnifique à la gestuelle régal. Le set fouette autant qu’il ondule, ses fissures font trembler Célestine, solidissime.
Soror
Tantôt psyché (New born), tendant volontiers à l’incartade noise, Soror fait un carton. Il se bride, entre en crue, se dope de style et dépose une approche bien à lui. A Bruxelles, comme à Rouen, la scène est de choix. Bleeding saigne, après avoir charmé. Il y a, chez cette dame-là, un brin de PJ Harvey. Autour d’elle, ça assure de manière sûre. Soror tangue, valse, sur un fil qui ne demande qu’à se rompre. Le guitariste investit la foule, des climats à la Elysian Fields auront avant ça parsemé le live. La frontwoman, enjouée, salue la présence de ses…quatre soeurs, excusez donc du peu, en bord de scène! Wash your hands, entre autres joyaux, les voit se contorsionner, le band belge prolonge le cercle de mes trouvailles avec une maestria digne des plus reconnus. Il salue, Célestine sombre dans la joie. Je la quitte dans le même état, à plat mais béat, dans l’attente de ma prochaine virée en ces lieux.
Soror
Photos Will Dum