J’avais zappé Survivor, avant-dernière galette en date, sans même savoir pourquoi. J’étais pourtant féru, présent aux lives dès que possible. Billy Believe m’avait ensuite capté, aujourd’hui en achetant la réédition d’ Urban Discipline de Biohazard j’ai aperçu, trônant joliment, ce 16 dreams a minute qui à première écoute m’a déconcerté. Eparpillé, il demande persévérance. Ensuite et bien vite, il atteint l’excellence. Au deuxième passage, il révèle dix mille richesses. Dansant, entrainant, surprenant, il s’écarte des trames -quelque peu- rock qui jadis, ont fait la réputation du groupe. Sur seize titres, généreux, il incite d’abord à se libérer, un peu comme le faisait Funkadelic (Free yourself). C’est en pop rêveuse, électro, qu’il fait ses premiers pas. Idéal en bandoulière, Stuck In The Sound transitionne et dégaine de nouveaux possibles. Musicalement, comme dans le mot. Le soleil les inonde, de ses choeurs légers, de ses salves funky qui dérouillent les petons. Les guitares, même éparses, font leur effet. I wish I could be happy again, à la basse ronde, chaloupe jusqu’à la piste. Alors dansons, pendant qu’il en est encore temps. A raison de 16 dreams a minute, on s’extirpera de ce monde. Chant de soie, refrain d’espérance. Varié, le disque prend des risques. B/W Rainbow, cinglant, d’un rock aux manches retroussées, l’amène plus haut encore.
Soniquement, c’est le festin. Sensational, pas loin de l’être, chante une pop étoilée. 16 dreams a minute (ré)enchante, José s’y fait fluet. Ca lui réussit. En d’autres endroits, il tonne un peu plus. Sa clique est dans l’invention, Spatial (feat. Sheiva) balance un électro-rock sauvage comme c’est pas permis, post-punk, efficient à souhait. Tubesque. Le sera, aussi, ce Sonora bien sonore, catapulté, de guitares féroces. C’est l’instant percutant, frontal et concluant. On n’a pourtant pas tout vu, ni même entendu; Visions, psyché, subtil, finit endiablé sous l’effet d’un rythme grandissant. Puis My sweet sixteen, exercice poppy alerte aux synthés stellaires, aux guitares vrillées, rajoute de la crème dans le cornet. Adios (feat. Mathilda), au chant de dame sensuel, louvoie jusqu’au cortex. Stuck In The Sound souffle sa joie, sonore, sur un monde à la dérive. Il aborde d’autres rives. Tragic, dégelée rock aux breaks posés, changeant dans ses rythmes, renverse la table. Alors on s’attable, affriolé par l’énergie qui s’en dégage.
Photos Ella Hermë
Plus loin All I’ve heard, synthpop rapide, poursuit sans flancher. Stuck In The Sound, à l’inspiration sans bornes, se permet un East Zion dub bien perché. Il accélère, le terrain musical étonne mais l’issue s’avère porteuse. Encore. Blue Hawaii prend la suite, folky, minimal. Il faut suivre certes, mais le jeu en vaut la chandelle. Employee of the weak, qui funke avantageusement, presque rappé dans le chant, fusionne et s’envole. Vivement les gigs, à l’heure où Dream termine le job c’est sûrement pas pour baisser la garde. Agité, il marie pop et rock comme le groupe sait, et a toujours su, le faire. Ses guitares sont belles, sa cadence claquante et saccadée. Terminé c’est plié, Stuck In The Sound vient en seize gorgées aux saveurs fortes de rallier à sa cause après, l’espace d’un bref et négligeable instant, avoir failli dérouter pour à l’issue, nous contraindre à le suivre dans ses fréquents et captivants méandres.