Cinquième album d’un duo déviant prolifique où s’égayent Francis Dugas et Manuelle Gauthier, alors que Manuelle Gauthier signe ici les textes et vocaux, Commencement le voit poursuivre sa route avec bonheur, niché dans une électro brumeuse qui n’hésite pas à s’emballer. Teinté de darkwave, elle laisse ici dix titres agités, éthérés mais vivaces, que l’éponyme Commencement dévoile dans un déroulé presque kraut, d’ores et déjà immersif. SABLIER suit, EBM/indus d’abord, très Police des moeurs ensuite. J’entends par là, exclusivement dû à l’imagination des canadiens. Avec eux on décolle, depuis une grosse dizaine d’années leurs sentiers se valent d’être empruntés. Entre cosmisme et teintures cold, le résultat ne se conteste pas. SERMENT, auquel on le prête, grince dans le noir. Croix de bois, croix de fer…et Police des moeurs impose les siennes. Ici il noircit, dans un groove obscur. TRAJECTOIRE, entre volutes psyché remuantes et voix songeuses, percus tribales et synthés hors-contrôle, nous propulse.
Quelques vagues et reflux plus loin CANTIQUE, lancinant, flotte dans les cieux. Moins direct que le reste, il s’insinue pourtant avec autant de facilité. Fort de son approche, Police des moeurs continue à s’affirmer si toutefois, après tout ce temps, il le fallait encore. SOIF, après un début bruitiste, joue une électro du tunnel. Les sons, c’est pour le coup récurrent, attirent l’attention. On se mouvera dans le noir, dansant, à l’écoute de Commencement. Quelques sonorités claires s’en échappent, REPRENDRE en largue une poignée en déployant une trame cold affinée. Les paroles, elles aussi, retiennent l’écoutant. FATIGUE, sur un rythme à la Frustration, laisse filtrer des nappes spatiales déjantées.
Sur la fin HIRONDELLE, drapé de spirales vrillées, permet à Police des moeurs de maintenir le cap. Des tons 80’s se font entendre, on est là -encore- sur des chemins sans commune mesure avec le tout droit tracé. Les rythmes claquent, changent, surgissent soudainement, bousculent le morceau. Impeccable. Je pense, à l’audition, à Dame Area. Le terminal MONTER-DESCENDRE, subtil dans sa grisaille, aux airs de piano-voix sous couvert de ténèbres, de gazouillis d’oiseaux, concluant joliment une série digne de la paire qui l’a conçue, avec l’apport vocal non-négligeable de son associée.