Après l’hommage à Christian Death et Rozz Williams, qui date d’avril 2023, le label avignonais UNKNOWN PLEASURES RECORDS honore cette fois le grand Nick Cave. Je n’en ferai pas mystère, c’est dans la classe que se déploie le recueil. Au nombre de quinze, les reprises convoquent un foutu beau monde et SFD ft Peter Milton Walsh & La Féline – Henry Lee, porté par un duo vocal raffiné, fait déjà merveille. Les alliances seront ici inédites, et récurremment fructueuses. MARCO NUMAN – The Ship Song, dans un même chatoyant sonore surplombé par son organe grave, s’illustre à son tour. On est sur ce début dans la retenue, resplendissante. THE MARRIED MONK – Stranger Than Kindness place de l’obscur, distingué, dans la collection. Le morceau s’anime lentement, sans imploser mais en se lézardant. On naviguera, sur Honoris V, de pépites en trésors. KISA – Your Funeral My Trial, soit l’intitulé d’un de mes disques fétiches -je n’inclus toutefois pas ceux avec Grinderman– déroule une magnificence chantée, une économie de décor qui le magnifie. ANTON MAKAROV – I Let Love In s’y tient, au gré d’un ornement jazzy que son chant fervent valorise.
KISS ME BLACK – Loverman, subtil, renforce l’idée d’un ensemble ouaté, racé, d’éclat total. Sa seconde moitié, néanmoins, s’exalte et alterne les deux options. A l’écoute, et je pèse mes mots, HONORIS V séduit comme une galette de l’Australien. Nos chouchous VERSARI – Brother, My Cup Is Empty, d’un titre fiévreux et cadencé, pimentent la série. Si j’adore? Drôle de question, je me contenterai en guise de réponse de pousser le volume. A WEDDING ANNIVERSARY – The Mercy Seat, sur la feutrine des voix, sur l’ombre des contours et l’aiguisé de l’arrière-plan, est de marque. C’est le venin classieux de Nick Cave, ici et ailleurs, qui trouve un nouvel écrin seyant. FACTHEORY – Jubilee Street, jouant une cold-wave stridencée, bien perlée aussi, qui fait mouche. SÅLM – The Mercy Seat prend la suite en dépaysant, s’envolant dans des volutes chloroformées. Alors que LA MAIN – A Weeping Song, électro spatiale, place une intervention pas moins probante. On sait le Français doué, il en assène la preuve.
SWESOR BHRATER – I Let Love, dont les saccades flottent, crooner fin et de velours grisé, suit sans plier. Consistant, le Tribute a dégainé le costard. YEARS OF DENIAL – Stagger Lee, brumeux puis plus agité, amorce la dernière course et laisse place à JUDITH JUILLERAT – The Carny, nuptial, inquiétant, à l’atmosphère singulière. Sur plus de sept minutes, ponctuées par des sons brefs mais entêtants, des flux dont suinte une forme d’angoisse, on se fait emmener. BONNIE TRASH – Red Right Hand, chargé de conclure, rudoie quelque peu le tout en faisant preuve, à l’instar de ses collègues de covers, d’une accroche définitive. C’en est fait, Honoris mérite…les honneurs et rassure-toi donc Nick, tu as là une ribambelle de fidèles qui voués à ta cause, sont parvenus à surligner ton répertoire sans la moindre faute de goût.