Après Sycomore, pour un set percutant, c’est une doublette de choix qu’il m’était donné d’admirer, ce vendredi de froid, dans l’antre Célestinienne. T.Lawrence, chroniqué par mes soins, s’y produisait et chassait la poudreuse pour Lonely Jake, dans un registre tout aussi authentique. Enchaînement locorégional de qualité optimale, donc, pour un public fourni et on le comprendra tant le programme, ici, vaut qu’on s’y attarde. Les mordus sont présents, certains de loin venus. Célestine, refuge sécure, reluit dans la nuit. Y’a plus qu’à, comme dirait l’autre et le blues rocailleux de T.Lawrence, issu du Santerre, résonne superbement. Ecorché, d’un rythme primaire qui lui sied parfaitement, le barbu découpe, dans les marais, une série endiablée. Sans tarder on lui emboite la note, on l’acclame, on pousse des cris rauques et rock qui traduisent la portée de son set.
T.Lawrence
Nul besoin de surenchère; solo, T.Lawrence comble son monde. Quelques élans country l’avantagent, l hissant sur les cimes. Son attirail réduit fait sensation, après qu’Olivier ait aux platines claqué du son plus que bon. J’ai le sentiment, ce soir, d’être au coin du feu. La péniche abrite, rassure en tant que lieu sûr et satisfait musicalement. Que demander de plus, si ce n’est un p’tit rouge au tenancier du bar? Je croise Jack, au look reconnaissable. Après quelques mots, un éclat de rire, je regagne le devant. Vince y siège, de Beauvais débarqué. L’attente sera courte, j’aime ça. Elégant, Lonely Jake s’arme d’un harmonica et damned!, on le savait doué mais là…il replonge aux sources, jusqu’à en tirer le tout-meilleur. Guitare évocatrice, chant plus vrai que vrai, registre superbement daté assurent un show magistral. Blues Never Lies, comme le dit l’un de ses opus. L’éventail est déployé, blues de base mais généreux, ouvert et partageur. On retrouvera notre homme, d’ailleurs, mêlé à la foule. Il geint, incante, râle et fédère sévère. Quant à son jeu, il se passe de description. Quel que soit le registre abordé, il touche et fait mouche.
Lonely Jake
Delta blues, torrent du Mississipi, incartades rockab’ ou countrysantes, Lonely Jake maîtrise tout et dépouille sa prestation, plébiscitée. T.Lawrence, qui y prend activement part, se joint à lui. Frères d’armes, frères de cordes, les deux hommes ne font qu’un. Le duo est beau, dans la même joie sonore Célestine communie. Ces artistes là ont le don, audible, visible, de rallier à leur cause. Leur vérité éclate, envahit Célestine qui bien amarrée, en a déjà vu d’autres. A l’heure de refendre le froid, bonnet réajusté, c’est aux anges et dans le ravissement que je prends congé. Du dehors j’entends encore le salvateur tumulte, dont j’emporte at home quelques relents supplémentaires au terme d’une soirée sans creux ni travers, ce qui dans la chaleur protectrice de Célestine constitue une indéniable et réjouissante habitude.
Lonely Jake with T.Lawrence
Photos Will Dum