Funk, effluves d’Asie, disco, folk et autres, rien n’échappe aux Néerlandais de YĪN YĪN. Après The Age of Aquarius, le quatuor renouvelle une recette voyageuse, novatrice, dotée de voix éparses et de quelques giclées acidulées à la Altın Gün. C’st parti pour un tour et une flopée de détours, au son de ce The Year of the Rabbit déjà dépaysant, léger, tropical, qui nous extrait de nos bases. Il ondule amicalement, après lui Takahashi Timing se fait tribal et endiable le bal. Funky, il sautille et se pare de spirales envoûtantes. YĪN YĪN, délibérément, creuse sa propre terre. Des vocaux, en l’occurrence, épicent le rendu. Des séquences électro arrivent, complètement prenantes. Ca danse de partout; dans la foulée Pia Dance, justement, amorce une trame plus posée. Puis il s’emballe, vif et comme le tout, parfaitement orné. Les chants reviennent, épars mais d’un bel apport. C’est ensuite à Tam Tam, réduit en durée, d’attraper par sa quiétude du bout du monde.
YĪN YĪN s’illustre, dessine des vignettes sonores synonyme d’évasion. The Perseverance of Sano, surfy, en jette une autre et aussi psyché qu’enlevé, surprend avantageusement. Il change de chemin, se gave de style, digne de ses penseurs. Puis Komori Uta, aérien, chuchoté, s’envole sans aucun tapage. Nul besoin, le résultat parle de lui-même. The Year of the Tiger privilégie l’ambiance, d’abord inquiétante. Il semble se retenir. Lentement il émerge, psyché, immersif, contemplatif. YĪN YĪN fait sensation, et ce n’est pas la première fois. Tokyo Disko, de ses vagues funky aux basses rondes, forcément déracinant, plaira. Ici ça joue bien, sans en faire des tonnes. Shiatsu for Dinner réinstaure du chant, jazzy, classieux.
On en vient alors, ou presque, au terme du trip. White Storm se syncope, aux portes du hip-hop dans son rythme. Ou dub, selon ce qu’on y perçoit. Il mue asiatique, brouille les pistes, et incite à suivre la sienne. On ne se fera pas prier. Sorti ce jour chez Glitterbeat, Mount Matsu fait de YĪN YĪN une valeur plus que sûre. Ascending to Matsu’s Height, subtil, le termine en imposant une dernière virée vers d’autres contrées, tranquille, au terme d’un disque qui nécessitera plusieurs écoutes avant d’en tirer toute la teneur.