Cinquième année d’existence, et support « anniversaire » incluant des versions nouvelles et morceaux remastérisés, pour le Damage de Kill Shelter, projet déjà évoqué chez Muzzart lors d’une sortie précédente. Au menu, dix titres cold, goth, d’un gris velours décliné avec savoir-faire. Les invités sont en nombre, As Trees Do Fall ft. Bragolin glace le disque d’emblée et lui confère un pouvoir d’attraction certain. Darkwave, l’univers de Kill Shelter a de quoi tenter. Black String ft Nate Jespersen, électro-cold et là, j’avoue mon impuissance à bien « situer » Kill Shelter, détenteur d’un répertoire qui lui revient, suit en affichant des vertus similaires. Vocalement typé, il fait de même sur le plan musical. In Decay ft Antipole and Delphine Coma [V] se pointe, ténébreux mais porteur de motifs plus clairs. Kiss Me Goodbye ft Hante, plus lent, climatique, prend alors la barre.
Tout s’enchaine, sans dérailler. Get Down ft The Shyness of Strangers [V] et ses sons derechef en clair-obscur, alerte, remet de la vitesse. L’opus fait partie de ceux qui, complets, se déroulent sans qu’on les délaisse. No Regrets ft undertheskin, filant lui aussi, entérine l’apport des guests. L’unité de Damage l’honore, avec bonheur il collabore et perpétue une palette de noir dont on ne manque pas de s’enticher. Bodies ft Buzz Kull [V], dont les sonorités de début m’évoquent les Sisters of Mercy, se hisse à hauteur d’Eldritch. Donc haut, Pete Burns et ses convives maîtrisant la totalité de leur carnet de songs. C’est logiquement le cas de Hollow ft Pedro Code, finaud, spatial d’abord, et qui le reste. Sever ft New Haunts, asséné rythmiquement, offre une voix de dame sensuelle comme crépusculaire.
Si je préfère, fidèle à mes penchants, les passages frontaux, le tout a le bon goût de constamment se tenir. The Happening ft Killjoi, qui le clôt, lègue un rock goth dans la lignée de ce que Kill Shelter concocte, solide et bien charpenté. La réédition voit le jour chez UNKNOWN PLEASURES RECORDS, l’objet est beau et son contenu vous assurera une communicative allégorie, le temps d’écoutes répétées qui vous permettront d’en capter toute la pénétrante grisaille.