D’ Hildebrandt je ne connaissais rien, pas même son nom, jusqu’à que je reçoive ce disque. Qui me touche, parce qu’il reprend -dans sa nomination- mon diminutif. Parce que Lescop y a contribué. Parce que derrière ses efforts chanson-pop apparemment polis, le bonhomme dit des choses et au delà de tout ça, trousse de belles trames. A part ça, et le titre en question l’annonce, il initie une électro-pop enlevée, aux mots valables. Il procrastine, Rater sa vie l’inspire et use de petits gimmicks attractifs. Il se passe d’idéal. Son duel vocal, sur le refrain, est beau à entendre. Il n’empêche, On voit mieux la nuit et là ça twiste, tranquillou, avec classe. Entre verbe de choix et notes « tout pareil », Hildebrandt joue bien et écrit pareillement. Je te connais, m’intime t-il. Ca m’étonnerait, (de moi) tu ne sais pas grand-chose. Ton registre, tantôt, m’apparait trop poli. Mais je l’aime bien, ce Will. Avant l’ivresse il me caresse, puis à l’alcool je me colle. Mais…pas plus loin.
Hildebrandt, de sa plume, séduit. On est comme on naît, alerte, dit sociologiquement vrai. Il est vrai, aussi. Pour l’apparat, qui s’en dispense, se dénude. Il s’anime sans heurts, j’apprécierais qu’à l’occasion les compositions se fissurent. Mais méfie-toi, méfie toi un peu, des règles du jeu. Tu m’étonnes, surtout de nos jours! La chanson est élégante, exécutée avec panache. Pour un peu, j’en reprendrais les phrases. Mais La soif me prend, magnifique mais peu énergique, ou l’inverse. Je veux du nerf, mais je reste à l’écoute. Tu ne mens jamais (en duo avec Buridane), pas plus saignant, déploie autant de prestance. Là aussi, les chants se marient. A lire la bio d’Hildebrandt, les sources de ses créations, de ses petites pièces graciles, on prend conscience. De sa portée, de ses pensées, de son étendue.
Photos Stéphane Robin
Sur la fin Au château Musset, posé, écorche l’homme dans ce qu’il a de plus futile, d’ostentatoire et présente, à son tour, de beaux atours. Les musiciens de Lescop, en Serpent habiles, se lovent dans les interstices. Pourtant Pourquoi j’attire l’orage, final aérien, se fait sans Lescop. Il reprend, musicalement comme dans l’intitulé, un ouvrage de Arnaud Tiercelin qui lui, écrit pour la jeunesse. Will est bien mis, pour moi bien trop doux; il ne me ressemble pas, ou peu, parfois bien plus mais parvient néanmoins, de par ses textes et son éclat, de par sa matière à réflexion, à me retenir dans ses filets.