Barış Öner [Istanbul Ghetto Club] au saz, Andi Sommer [Henry Fonda, Yacht Communism] à la basse et aux synthés, Eilis Frawley [Anika, Laura Lee & The Jettes] à la batterie. Voilà donc KARA DELIK, trio basé à Berlin et brassant, magistralement, diverses influences. Aussi post-punk (d’époque) qu’Anatolien, psyché ou encore dub à l’occasion, il rassemble ici ses quatre ep’s. Coloré, le tout se lance avec un Strange Attractor aux syncopes dub, déjà trippant à souhait. Enfumé, doté d’une voix féminine narrative, il fascine et rudoie aussi. L’éventail est déployé, Iterations et ses tons jazzy déviants poussent l’échappée. On navigue, on voyage, on s’envole aussi sous le joug d’un chant de là-haut. Puis ça se fait à deux organes, ce qui solidifie encore le rendu. Trouvaille valable, KARA DELIK n’a pas fini de chalouper, loin s’en faut. Embardée élégamment sonore, puis Dogs et sa basse et bruits d’orient, syncopé, où la voix prend encore. Sur le plan sonique, dans les structures, c’est le régal intégral. Inclassable, le groupe instaure un changement de braquet direct.
Quelques notes plus loin Hayvan, turbulence rock cachetée, Turque dans les mots, fait fureur. Il breake, puis fulmine à nouveau. Concluant. Eclipse, de ses gros riffs stoner/heavy, 70’s, galope et assaillit. Kisa hava, plus déroutant, plus « mondial », explore ailleurs. Les ep’s sont superbes, Matilda y souffle des ruades de drums nappés de sons orientaux et de saz mordant. Kara Delik ondule de partout, sans discontinuer, sans jamais s’égarer. Counting time, enlevé et entrainant, l’avantage. Le saz est splendide, comme partout ailleurs. Les voix s’énervent, le ton itou. Nereden nereye, d’abord Hendrixien, claque un rock teigneux. On prend bonne note, ici encore, des alliages vocaux. Stones, de teneur folk mais loin d’y être tenu, variable dans ses cadences, rock sur sa fin, reluit.
All the Singularities (I-IV), grisant, souligne aussi le côté DIY de KARA DELIK. Polyrythmique, celui-ci joue un Keep it business agité, post-punk sans que le terme suffise à le définir. C’est l’écoute, quoiqu’il en soit, qui parle et le dévoile. Gece vire Turc, délicat puis enhardi, fougueux même. Avec panache, toujours. Le sonic-trip se poursuit, la fin est proche mais on est d’ores et déjà comblé. Attack & defend – Dogs version, porté par un canevas dub enivrant hanté, rock aussi, multi-genres, parfaitement pensé, y met fin. All the Singularities (I-IV) suit ses propres chemins, sinueux, imaginatif de bout en bout, quelque part entre Lalalar, Altın Gün et King Gizzard.