On ne présente plus Martin Rev, pas plus son acolyte Alan Vega. On a usé Suicide, on le fait encore, jusqu’à la corde. Désormais on s’éprend des enregistrements solo et celui-ci, en cassette ainsi que sur vinyle, vaut évidemment le détour. Il regroupe seize titres en errance, le premier d’entre eux se nommant Yearning et délivrant une sorte de comptine enfantine brève. Le second (Dream), plus vif, tenant en une pièce presque shoegaze au rythme sec. L’Américain, on le sait, n’est pas du genre à se cantonner. Skateboard, d’une électro psyché bien vrillée, étend encore son champ. Laredo, cosmique, hanté de voix fantomatiques, de séquences répétées, n’en fait pas moins. Zeitpunkt suit, en phases perchées qui elles aussi mettent le mental à contribution. Rio Grande réitère ses plans, à son tour, au point de capturer les sens. Baby O Baby (Mix) emprunte le même procédé, traversé par des vocaux derechef chuchotés, malsains. On aimera.
Plus loin Abracadabra, dépaysant, lunaire dans ses sons, dure peu mais s’illustre. Lineup arrive, comme venu de l’au-delà. Martin Rev crée des atmosphères, angoissantes, saisissantes, qui font le sel de The Sum of Our Wounds. El Barrio vire au spatial, animé par un rythme à peine perceptible. She’s back se fige dans les crépitements nuageux, audiblement retenu. Le climat enfanté, encore une fois, retient l’attention. Et la tension. Temptation (Mix), de sons clairs en fourmillements dark, produit un effet au moins égal. C’est chez Tapete Records, sous estampille Bureau B, que sort l’objet. Asia (Mix) l’endiable, on croirait les cloches de la Fin des Temps. The Sum of Our Wounds, au fil des écoutes, passionne et déraisonne.
Around The Corner, sous la minute, se floute. Dans ces zones brumeuses Rev, captivant, esquisse des formes variables…ou pas. Mari (Mix), alerte, jonché de motifs qu’on dirait joyeux, éclaircit l’ensemble. Je la vois bien, cette cassette aussi jouable sur sillon noir, dans mon Ricatech PR85 des années 80. Whisper (Vocal) y sonnera idéalement, il termine par ailleurs dans la douceur chantée une sortie incontournable qui à l’instar de tout ce qu’enfourne le label impliqué, détient ce qu’il faut pour qu’on y reste durablement scotché.