Après « OLA« , qui date de moins d’un an, la lunaire alliance Geins’t Naït + Laurent Petitgand + Scanner reprend ses recherches sonores. Plongé dans la brume, le trio dessert des plages éthérées, ambient, dont Gabriel Scan LP1 donne un premier aperçu brouillardeux. Des voix brèves le parsèment, sans délai on est plongé dans un climat sous rêve. C’est assez magique, une fois l’effort consenti c’est aussi la garantie d’un trip singulier. Idiot LP1 le prolonge, variant à peine. Ne résistons pas, laissons-nous happer. A l’occasion des coups de semonce, percutant le figé de l’ensemble, prennent place. Italia LP4 en tire tout le bénéfice suivant un déroulé indus cadencé, ça et là, comme pensif dans son ornement. Larsen Scan le relaie, trip-hop dirait-on mais sans certitude, obscur, nébuleux. Là encore, on n’y échappe pas. L’esprit divague, au gré de lentes vagues.
Gabriel LP2, de vocaux obsédés, obsédants aussi, dure peu mais fait son effet. A sa suite Et après, mu par un rythme insistant, des flux à nouveau « expé », met de la vie dans un délicieux « immobilisme ». Les sensations affluent, peut-être pas de suite mais de manière durable et incoercible. Les vocaux floutés reviennent, psyché, hallucinatoires. Puis Italia Scan LP2, aux tons de gris tirant vers le noir, assène de sévères coups de tambour. L’album trouble ses formes, puis s’en revient à des abords de mitan de nuit. Hey Man Scan balbutie; le langage de ces trois défricheurs commence, chez l’auditeur, à se faire jour si je puis dire. Des rythmes font leur retour, le rendu est indus et totalement psychotonique.
Idiot Scan LP1, à l’issue, semble trouer les limbes. Il reste, toutefois, songeur. Il s’anime, de ses ruades sans trop de heurts. Enfin Picass LP1, où les mots s’économisent comme de coutume, laissant les effluves sonores se déployer, termine un effort délibérément en marge, exigeant mais captivant, dont l’assimilation permet une expérience sans précédent si ce n’est, bien évidemment, celles liées aux sorties précédentes des artistes impliqués.