Mazette, quelle traversée! Psyché, bourré d’embruns, A Love Supreme réhausse encore le niveau d’ Inutili, déjà élevé. De fulgurances soniques à la Sonic Youth (Queen Crimson, soit douze minutes d’immersion planante et remuante) en phases 70’s d’époque, le quatuor drape l’auditoire. Chloroformé, son I’m On A Plane flotte dans l’espace, doucereux, répété dans ses mots. L’emprise est de mise, sans avoir à attendre. Alessandro Antinori (bass, guitar), Pietro Calvarese (guitar, voice), Giancarlo Di Marco (guitar, bass), Lorenzo Mazzaufo (drums, percussion, voice) et l’invité Francesco Gaspari (synthesizer, programming), dans un ensemble pertinent, se hissent au dessus. Du ciel, de la mêlée aussi. Des sons de synthés volutés, à l’occasion, se font entendre.
Walking On Your Lips, riffeur, insuffle de la force, une puissance de frappe appréciable. L’opus est sans creux, ici il groove et là encore, on renoue avec un glorieux passé. Ca vrille, ça tangue, des virages sonores se dessinent. A Love Supreme est un must absolu, on y sent le bonheur de rejouer de pair. DADADA, d’un début presque titubant, psychotrope et expérimental, mue ensuite en un magma noisy. On se vautre, avec volupté, dans la sphère Inutili.
A la dernière place l’éponyme A Love Supreme, de durée très poussée, offre un dernier déportement. Il part se nicher, là-haut, paré d’un chant rêveur et épars. Sa fin est faite de méandres, consacrant une galette de calibre conséquent. C’est conquis et envoûté qu’on en ressort, à l’issue d’un trip Inutili aux nombreuses vertus bienfaisantes pour l’esprit.