Opac vient de Tours, il fait de la folk aimée. De la folk qui n’ennuie pas, ou peu parce que dans le genre, la plupart du temps, je te dis pas les bâillements. Ici et avec l’appui d’un Peter Deimel, on enrobe le tout de poussées enfiévrées (Iconoclast). Ca donne une belle dynamique, greffée au raffinement vocal et instrumental. Reverence amorce ce Songs for a Second Grace avec, justement, de la prestance dans le jeu. Lionel Laquerrière (Geysir, Transmissions, Yann Tiersen) a réalisé la chose, entre l’ile d’Ouessant et Thoré-la-Rochette. Ca compte, le bonhomme vaut tout notre estime. Le titre inaugural, sans hâte, s’emphase. L’orchestral cohabite avec l’orangé, merveilleusement. Those Processions en fait montre, entre ombre et lumière. Gathered Ghosts, dénudé ou presque, est bref mais soyeux. Il déroule le tapis pour Helene pt. I, dont le second volet pousse le bouchon. On sent une tension sous-jacente, savamment placée. Helene pt. II prend la suite sur des abords posés mais fervents, sans cadence mais avec brio.
Le rendu, on l’aura compris, scintille. Parfois trop (pour moi), j’avoue une préférence pour les temps rudes. Purple Maggot est une perle, aussi sombre qu’éclairée. Opac sait y faire, il sertit ses compositions avec goût et mesure. Ses mélopées reluisent. Voilà la folk que j’estime, à la délicatesse parée d’élans audacieux, de recoins automnaux. On verrait, presque, les feuilles joncher le sol. Emerald Green Dress, élégamment tumultueux, me captive. L’électricité fouette, majestueuse. Des notes grises s’intercalent, venant parfaire l’effort. Impeccable. Inattaquable. Breaking Senses, en une minute trente, ne manque pas de séduire, sobre mais gentiment souillé.
Photos Reverse Tapes/Lise Lefebvre
Sans fautes, l’opus poursuit vers ce Valley of Sin (The Fire in your Hands) cordé, finaud, à l’envolée bridée. Pierre-Alexis Cottereau, musicien doué, s’entoure de Pierre-Alexis Brice Cadouot, Pablo Coudrin et Philémon Tranchant, issus comme lui de la nouvelle scène musicale tourangelle (Stuffed Foxes, Common Insight, Mossaï Mossaï). Au vu des pedigrees, ne soyons pas surpris de la qualité offerte. Veneration, s’il reste subtil, revêt lui aussi une parure tantôt fiévreuse, à la superbe audible. Il enfle avec maestria, finissant un carnet de chansons dont la valeur ne peut, à aucun moment, souffrir la moindre critique négative.