En ce jeudi venteux Célestine, nouveau repère de l’amienois nocturne, avait la lourde charge de résister aux assauts de Sycomore, qui vient de faire éclore un Antisweet bien parpaing. DJ JOHNNY CASH CONVERTOR, soit Krinator, étant prévue au balançage de disques, j’arrive tôt et peux ainsi me réjouir d’une palette sonore qui envoie, avec en tête de file le Whiplash de Metallica et tous les souvenirs de jeune adulte un peu teubé qui vont avec. Où te trouves-tu Carine, nous t’entendons mais ne te voyons pas. Ca n’empêche que tes sons, d’époque, ouvrent dignement et c’est jus de pomme en main que j’en tire profit. Tu sors du Thil, Will, alors ne perds pas le fil. J’échange avec Tim, chanteur-guitariste de Sycomore. Par le hublot je constate qu’un soirée se tient à l’ESIEE, où la bouffe est bonne. Nombre de musiciens locaux sont venus, affriolés par le menu. On est pas mal, lecteur? Mieux que ça mes fidèles, c’est pas chez Célestine que vos sens se figeront. Cette péniche, c’est notre niche. Nico a peiné, douté, mais Célestine aujourd’hui resplendit. J’ai le sentiment, à bord, d’être « Out of reach » comme le chantent les frères Reid.
Sycomore
Mais je me trompe. Sycomore, puissant mais pas seulement, noise, sludge, éthéré à l’occasion, métal, post-hardcore mais au bout du compte très Sycomore, fait péter mon occiput. Le trio joue serré, il n’en est pas à son coup d’essai mais le constat est clair: au fil du temps il se bonifie, tutoyant les plus grands. Alors, on s’y fie. Il riffe heavy, beugle mais peut aussi se modérer. Tout ça se fait dans un équilibre massif, sous le joug d’accélérations qui pousseraient Célestine jusqu’à la Baie de Somme. Rugissant, Tim trouve en ses deux compères les relais idéaux. L’osmose est audible, à ma droite Mario et sa compagne approuvent par leurs mouvements. Mario, c’est LNWKP et le clip de Forest vaut le détour mais alors grave! C’est du local, tout comme Sycomore, et c’est pas des morts. Ils nous rendent la vie meilleure. Ensemble, nous sacrons Sycomore. Il est grand, autonome, élagué de ses influences. Ca ne l’empêchera pas, en fin de set, de tronçonner une cover du Breathe de The Prodigy. Fichtre, énorme!
Sycomore
Mais avant ça la clique, de talent, aura commis d’autres méfaits. D’Eternal Watts, qui introduit l’album cité plus haut, à Slurs qui fait dans le psycheavy, le panel déploie ses ailes. Sycomore, pensé, à le mérite d’étendre son champ. Hear the wind, poto; il souffle, certes, mais tempère sa force. Il n’en est, de fait, que plus fort encore. Sycomore maîtrise, défrise, électrise. S’il dure, outrepassant les durées habituelles, il demeure probant. Son Nectar à grandes lampées se déguste, il rafale et nous, on s’affale. Des passages bûcherons se greffent, tiens-toi bien Amiens Sycomore est dans la place! Aussi pénétrants qu’hypnotiques, d’anciens titres achevant le résistant, les Picards dégomment. Depuis 2015, depuis leur Phantom Wax et sans variation dans leur line-up, ils s’accomplissent et le live de ce jeudi, j’en suis certain, conforte leur statut de formation reconnue d’un genre ouvert et foutrement tenu.
Sycomore
Photos Will Dum