SPÖoÖoky STEVE vient de Floride, il dégaine ses sorties à vitesse grand V, triture ses voix et crachote une zik indéfinissable, quelque part du côté hip-hop mais givrée et sacrément déviante. CHILDHÖoÖoD est son énième album, il y parle d’abus et nous dépose dix-sept efforts « horrorcore », à part bien sûr, avec des spirales enivrantes et assommantes comme peut l’être celle de Embryo Eviction. Il fait du crade, très prenable, et broie du noir. Sauf qu’il le fait bien, refusant de se taire alors qu’il nous l’intime (Keep Your Fucking Mouth Shut, pesant, aux gimmicks décisifs). Son disque est une expérience, il en va de même pour son entière discographie. Solo comme ici, ou en Split, il fait valser les barrières. SchÖoÖol’s Solace, de ses phases hagardes, saute d’ailleurs par dessus (les barrières évidemment). Eat Your Scabs l’imite, porteur lui aussi de boucles groovy. Le mec a des idées, en pluie de gris, qu’il décline sur son ouvrage. Il y glisse, de temps à autre, des inclusions presque sereines.
Passé la surprise, CHILDHÖoÖoD s’impose donc. Par sa différence, par ses grincements, par son refus de se soumettre. Il sort chez Solium, c’est dire s’il se perche. Stop Bleeding y dégueule sa lave, ses excès sonores, ses chants déshumanisés. Noise-rap, façon Moodie Black enfin de loin ou en plus extrême, l’opus réveille les défunts (Woke Up Dead et ses merveilleuses stridences), piétine l’esprit des vivants en même temps que par ses mots, il les fait réfléchir. On dirait des zombies essayant de rapper dans une vieille zone indus désaffectée, prétend la fille d’Alex Thagis qui lui aussi, pratique un son PSYCHIATRIQUE.
Comme elle a raison, Garance qui comme à l’habitude, pourrie-gâtée par un père richissime vu que ses délires sonores sont chez Coeur sur Toi, partira en vacances cet été du côté de Frettemeule ! Our Father’s Empty Stare l’appuie dans ses dires, putain c’est jouissif ce bordel! SPÖoÖoky STEVE est un mutant, comme Adam. Crushed Canvases se guitarise, enfin il me semble, dans des volutes psyché à flinguer la raison. Ce Raped Repeatedly in Psychiatry de cellule capitonnée, à l’heure de conclure, vire taré et en bout de vie, borde une cassette qu’on écoutera jusqu’à ce que sa bande y passe, détentrice d’une pâte sonique splendidement malsaine.