Elle s’annonçait, cette date, tout bonnement jouissive. Avec à son affiche Dye Crap (remember leur excellent Life is unfair), de Rouen et vous connaissez mon engouement pour les groupes normands, puis en tête d’affiche Johnny Mafia, flanqué lui d’un Sentimental de première main, renversant au Murmure du Son de l’été dernier, il va de soi qu’il fallait en être. La Lune l’a saisi, pleine comme un oeuf pas encore gobé, avec en son sein de nouvelles faces, rouennaises dirait-on, qui prendront activement part aux festivités. Avant ça le repas au RU Saint Leu, le vendredi soir pas d’espoir c’est les restes et tu demandes pas le tien (de reste), m’a laissé sur ma faim.
Dye Crap
Qu’à cela ne tienne, la Nébuleuse accompagne ma gradinisation, j’entends par là mon installation en contrebas de la console. Grand pardon chère et précieuse Brewdog, je t’ai pour le coup trompée. Un camarade et sa femme arrivent, nous échangeons sur les dernières dates Lunaires. Ca trompe l’attente, Dye Crap arrive et dérive de suite, porté par la nervosité d’un Scatterbrain tubesque. Post-punk et juteux, il préfigure un gig vitaminé, gorgé de choeurs virils et de refrains dynamite. Lucie si tu me lis, merci de m’avoir envoyé le skeud. Dans mon bureau, les jours de colère, il fit grandement l’affaire. Pour l’heure les quatre gars, au taquet, font péter les standards. Garage, punk, pop et donc pop-punk mais avec un entrain fatal, les titres forts se succèdent. Chug it copain, ça joue fort et ça dézingue sévère. La mélodie n’est pas dédaignée, elle sert même de socle à pas mal de trousseries, à bon nombre d’efforts achevés. C’est juste trop bon, explosif, du niveau des meilleurs. Et je pèse mes mots. On salue le voisin, Serj aussi au gré d’un belle ritournelle, ça fleure bon l’indé sous perf de talent. Première partie plus qu’accomplie, qui ne fait pas un pli.
Dye Crap/Johnny Mafia
Sous guitares ardentes et mélodies pétantes Johnny Mafia, ensuite, va intensifier les mouvements de foule. Il faut dire qu’avec un Split tongue, ou l’énormissime I’m sentimental parce que dans tout ça, finalement, y’a du sentiment, de l’amour, le gang de Sens est plus qu’armé. Comme à Eu, il arrache tout et enchaine, conquérant, les hymnes rock à guitares ardentes. William le bassman, intervenu sur l’un des titres des copains de Dye Crap (j’ai eu bien peur, à l’appel de son nom, qu’il s’agisse de moi…), grimace et se contorsionne, parle pour rien et du coup nous fait rire. Là encore les compos ébouriffantes pleuvent, comme dehors sauf que là ça fait du bien. Une corde pète, rompue par la vigueur de son utilisateur. Son compère la rafistole, il a bien fait de choisir la zik’ çui-là! Bref ça reprend, l’orage divin fait son effet. C’est mon rock, mélodieux mais tapageur, offensif, subversif parce que forcément insoumis. La Lune est un espace de liberté, en ces temps de fausseté et de privation il ne s’agit surtout pas de bouder le plaisir qu’elle nous procure. Vince de l’Ouvre-Boite est d’ailleurs présent, Johnny Mafia ayant dernièrement joué chez lui.
Johnny Mafia
Ayé ça slamme, sous les coups de lame d’un Johnny Mafia rutilant. Ces lives-là sont courts mais percutants, plus marquants que les prestations étendues au bout desquelles on baille un peu. Unis, les gaillards assurent et se montrent sûrs. Des « ouh-wouh-ouhh » ponctuent leur venue, la doublette du jour est de haute volée. Je place les deux à égalité, cinquante-cinquante et au final, 100% de bonheur jusqu’à tout à l’heure. Le public entre en collision, signe de félicité avérée. Plus de place nulle part, c’est dans la proximité que tout ça se joue. Murs de grattes, son frontal, mélopées valables pimentent un début de week-end enthousiasmant. Heureux nous sommes, en Somme, entre les murs d’une Lune qui ce soir est de braise. Ca prend fin, dans une « fricassée » annoncée un peu plus que sermonante. J’ai mon compte, un au revoir à mon pote J. de la sécu et Quai Bélu je réajuste le bonnet; ça caille mais j’ai chaud ou l’inverse, il ne pleut plus à verse mais j’entends encore résonner, en couple avec mes pas, les assauts des lives d’il y a quelques minutes.
Johnny Mafia
Photos Will Dum donc moi-même