Après la réédition de son album éponyme, belle intiative, Cheval de Frise voit ses Fresques sur les parois secrètes du crâne elles aussi ressorties, via le même label, en K7 et vinyle. Joie des reparutions, on peut ainsi s’avaler dix titres de la paire Thomas Bonvalet/Vincent Beysselance, tout en ruptures, en montées et redescentes d’une beauté à péter des nuques. Il faut dire que la guitare acoustique amplifiée du premier nommé ne manque pas de chien, soumise aux soubresauts d’un collègue qui lui aussi, fuit la norme à grands pas. Un rude et concassé Deux nappes ductiles, au chaos délice. Une ouverture secouée sous la forme de cette Lucarne des combles où le jour perce parcimonieusement. Un ensemble, comme d’hab’, à l’équilibre délibérément précaire, hasardeux, merveilleux. Unique, tel les copains de Belly Button. Ca s’écoute, ce truc, avec un sentiment de privilège. Presque précieusement, bien que ça prétende à l’exact contraire. C’est dans les espaces sombres, moites et humides que ces mecs-là se sont façonnés.
Bora Lustral frétille agitément, énième perle aux remous savants. Le puits l’imite dans ce mélange ajusté, ou pas, de splendeur sonore et d’élans intelligement puissants. L’objet est de plus magnifique, comme pour toute production Computer Students™. Oh, la batterie percute. La guitare avec, dans une course abrupte. Songe de perte de dents alterne, syncope, vire cru et dru, mais conserve sa finesse tout en mordant les fesses. Il breake, calme enfin pas longtemps. Ensuite Fresques sur les parois secrètes du crâne, mental instrumental (en même temps, les acolytes ne jouent que ça et ça suffit bien), se jazze perversement. Poli mais pas poli, Cheval de Frise par sa formule, même encore aujoud’hui, gagnera des adeptes. L’agonie dans le jardin, loin d’être pénible, saluera leur intronisation. Phosphorescence de l’arbre mort, soutenu puis convulsif, grondant, les gardera captifs.
Enfin IX, folky, bien fagoté mais en dépit de ça, sinueux, gris et trop court, et pour boucler ce Chiendent dont les futs roulent et boulent, tout aussi prenant/tranchant, finiront de dérouter celui qui curieux, croyant en ce son de niche, aura fait l’effort de l’étudier jusqu’à ses dernières figures. Fresques sur les parois secrètes du crâne, à l’instar de son prédécessur lui aussi reparu, méritant de toute évidence égards et écoutes multimpliés, décuplées par le plaisir d’une différence audible et délibérée.