Le Spectre est le projet de Yann Levasseur, à dominante électro, du producteur Parisien Yann Levasseur. Future Primitive est son nouvel album, il fait suite à un EP (Analog Monolog) entièrement instrumental et à un LP (Analog Dialog) où furent conviés Francis Mallari (Rendez-Vous), Olivier Jourdan (Hushpuppies), Thomas Czopp (Unlogistic) et Duke. Ici le guest est féminin, puisque Charlotte Savary de Wax Taylor apparait sur deux titres alors qu’ Emma Broughton et Ana Rago sont aussi de la partie. Voilà pour les présentations, l’opus prend son envol au son d’un Colder Tide feat. Charlotte Svary fantomatique, qui confirme une orientation moins cold et frontale moins qu’à l’habitude. Le morceau prend vie, suivant des sons volants qui peuvent s’aciduler. Bon départ, suivi de ce Eyes Sunburn lentement saccadé où officie un certain Milton X. Vous n’en saurez pas plus, mais retenez que son « feat » type le titre. Soul, déchirant, il amène du relief. Pour l’heure Le Spectre, fiable, tient le cap. L’excellent et entrainant Finishing Line feat. Emma Broughton, électro-pop tubesque, consolide d’ailleurs l’effort. Son refrain se reprend, c’est incontestablement le fer de lance de Future Primitive. Dans son sillage Future Primitive feat. Ana Rago, à la voix grave et grave (dans les deux sens du terme donc), à l’inertie prenante, fait lui aussi sensation dans une étoffe trip-hop soignée autant qu’ombragée. Des guitares torturées le perlent, bienvenues.
Après cela Back To Life, dans la brume, se déploie comme filtré. Ses vocaux se retiennent, le tempo ne s’empresse nullement. Le Spectre façonne des atmosphères envoûtantes, celle qui orne Out Of Space And Time se veut elle aussi singulière, céleste, avant d’être portée par des boucles « from the sky » qui sans trop de heurts se syncopent. Sur plus de cinq minutes, l’encièlement guette et s’intensifie. Puis First Try, dans le refus de la redescente, impulse une autre virée dans l’espace, froide et flottante. Future Primitive est « implicatif », de par ses ambiances. Il prend fin quand The Secret feat. Charlotte Savary, doté d’un organe délicat, reste lui aussi perché, entre les nuages, pour clore un disque que j’aurais aimé plus déjanté mais qui malgré ça, fait preuve de cohérence dans le rendu et d’un réel pouvoir d’attraction ainsi que de séduction.