Chromb! est fou, il entend bien le rester. Avec Cinq, dernière galette pétée de la tête, il est à la fête. Destructuré, comme à l’habitude, il éclate les normes et s’éclate lui-même. Fredilippe, pop et joueur, se pare pour commencer de sonorités guillerettes. Court, il donne une vague idée des dégâts ensuite commis. La Cérémonie, entre chant mélodieux et trombes de notes dark, électro dirait-on, commence à réellement vriller. Il se veut « de noël » dans certaines consonnaces, mais aussi de travers, déraisonnable, psychiatrique dans ses chants qui ensuite font le beau. Quel fatras! C’est Chromb! l’ami, alors reste avec eux. En chorale bancale, ils opérent par rafales. Roupoutoum contre Routoupoum, par saccades et ruades groovy, décoré de bruits lunaires ou bourrus/bourrés, prend part à la fiesta. On navigue ici à vue, sans chemin préconçu.
Antoine Mermet : saxophone, synthétiseur, delay, voix, composition; Camille Durieux : synthétiseurs, voix; Léo Dumont : batterie, voix et Lucas Hercberg : basse, voix, composition, unis dans le désuni cohérent, captivant, forment une drôle de clique. Pauvre Brobre, hurlant, pesant, métal doomisant d’abord, vocalement cinglé, en remet une lampée. On dirait du Mr Bungle, Patton approuverait sûrement. Le Prince, d’un jazz pas naze, s’en va lui aussi ailleurs, relativement serein et tout aussi fatal. A chaque morceau, de toute façon, on se fade de nouveaux sons. De nouvelles bordures, en biture des genres. En bordure aussi parce que Chromb!, surtout, ne se classe pas. J’en veux pour preuve Rongongonfre, bruitiste, entre B.O. et jeu vidéo, sombre et sans bornes.
C’est Et des couteaux, délié, ensuite syncopé, de verbe faussement absurde, qui finit le taf. Cinq est un must. D’aucuns s’en éloigneront néanmoins, découragés. Le dopé au différent, lui, y consacrera des écoutes par tranches de…Cinq. C’est bien le minimum, pour un disque aussi exigeant et fourmillant de surprises auditives en marge des sentiers connus.
Photos Bertrand Gaudillère.