Lenhart Tapes, ethno-noise de Belgrade, relate l’approche du producteur Vladimir Lenhart vis à vis des musiques balkaniques. Dens est son deuxième album, nombre d’invitées y prennent vocalement part et ça type le rendu, déjà décalé et passionant, de bout en bout. Mêlant trames folk « du pays » et traces noise (entre autres), soit de l’ethno-noise, les huit titres instaurent de suite un trip loin de nos bases. Vodu brala (feat. Tijana Stanković) l’inaugure, dépaysant dans le chant, vrillé par des bruits stridents. Il ne dit pas son genre, on peine à le définir mais peu importe, on reste en phase jusqu’à son terme. Indus, tribal, grondant, il fait sensation. Daj mi ruka (feat. Tijana Stanković), dans la même texture, prolonge le voyage, prenant. On dirait s’il fallait situer, ça et là, un croisement entre Asian Dub Foundation et Transglobal Underground. Mais c’est Lenhart Tapes, uniquement redevable à lui-même et à sa capacité à défricher. Džamahirija (feat. Zoja Borovčanin), en percus insistantes, envoûte similairement. De partout, fusent des sonorités enthousiasmantes.
Au quatrième siège Mejremo (feat. Tijana Stanković), insidieux, doté de scories psyché, se déploie lascivement et à ses voix, lie des sons sombres. Ou parfois frontaux, en d’autres recoins, comme chez Ndox Electrique. Što si glava (feat. Tijana Stanković), indus et caetera, les met en scène. Serbe, Lenhart Tapes transcende le registre de son pays. Ses sons rampent, vacillent, en loops et en loopings. Dens est remarquable, Žuta žaba (feat. Tijana Stanković & Svetlana Spajić) le grandit encore. Plus « folklorique », moins acidulé, il apporte un plus indéniable.
C’est chez Glitterbeat, et ça trouve tout son sens, que l’album parait. Kuje je dejčeno (feat. Tijana Stanković), indus de l’Est, y glisse chants ensorcelants, c’est une constante, et lézardes triturées. L’alliage est ajusté. Il me tarde, privilégié car chroniqueur de longue date, de recevoir l’édition CD. Ici les guitares coulent, bavent, laissent des ornières. C’est magique. Le terminal Starala sa (feat. Svetlana Spajić), sur neuf minutes célestes, laisse d’abord la voix présider. C’est vers son terme que l’enrobage, pour la dernière fois, part dans le décor et ne le rend que plus significatif encore. Indispensable.