Frénétique, Ni nous revient avec Fol Naïs (Né fou, en vieux Français) où ses instrumentaux de malades mentaux, auxquels se greffent quelques voix hurlantes, bondissent dans tous les sens. Le quatuor oscille entre math-rock, métal épais, interludes éclairés et jazz de travers, balafrant le parterre à l’aide, tout d’abord, d’un Zerkon aux premières secondes éthérées, avant que l’orage n’envahisse l’espace. Le riffing fusionne, les ruades sont nourries. Il est rare, lecteur, d’entendre un tel fatras. Et quelque part, ça tient debout car Ni, s’il déconstruit, n’en est pas moins penseur. Son tumulte est nectar, il ne s’avale pas de suite mais une fois ingéré, fait des dégâts salvateurs. Dagonet, au taquet, fouette un math-métal qui détale et met des mandales. Ni fait dans le sans-genre, enfin j’entends par là qu’inlassablement, il façonne le sien. De niche, bien évidemment. Brusquet, brusquerie, achève nos dernières résistances. Le non persévérant pourra fuir, on le comprendrait presque.
Il n’empêche, mieux vaut insister car au bout de l’effort, guette la diabolique surprise. Berdic, dans un premier temps lunaire, doucereux, s’insinue par syncopes. Passé la minute, il entre en rut. Ni, à l’envi, varie ses climats. Chicot, hirsute, groove dans une folie sonore tenue en laisse longue. Le bruit de Ni, méchamment subtil, ne tient qu’à un fil. Un fil solide. Rigoletto, cul par dessus tête, pose un lyrisme bourru, échevelé, pété de style et frontal comme c’est pas permis. On décèle, enfin je crois, des voix. Pour le moins furieuses. Pavé génial, Fol Naïs est né fou et le restera. Il délivre une trilogie, de Triboulet part 1 à Triboulet part 3, aux atmosphères contrastées.
Ni peaufine, affine, mais aime croiser le fer. Chez Dur et Doux, son label de renom, il voisine avec d’autres dingos au talent similaire. Cathelot, à la toute fin de la messe qui mord les fesses, s’initie doom. Si si. Ou black, mais du black de tête à claques. Il enfle, calme le jeu ou plutôt, y parait disposé. Ayé terminé, si t’as pas tout capté c’est qu’il faut recommencer car Ni, on le sait, exige un investissement poussé avant de totalement se dévoiler.